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Un monde immonde

Emma Leblond-Beauchesne

L’indifférence est un préjudice

L’ignorance une désolation

Voir le monde se dégrader est comme un supplice

Il faut sonner l’alarme et prendre action

Je voudrais inciter en prenant par la main

Tous ceux qui espèrent sans agir

Me réveiller un matin 

Et dénoncer les voleurs de l’avenir

Par la nonchalance de l’humanité

Les couleurs de la nature sont en danger

Montagnes, animaux, forêts et ruisseaux

Le malheur pour eux coule à flots

Débris dans les sentiers et moteurs laissés ouverts

Ce sont eux qui abrègent l’histoire de notre terre 

 Pour elle qui encaisse sans un mot douleur et chaleur

Permettons-lui d’enfin connaître le bonheur

Lorsque les conflits éclatent

La peur s’installe et ne veut disposer

Quand le sol devient écarlate

Le monde s’arrête et l’espoir cesse d’exister

Au moment où l’harmonie cède place à la zizanie

Tous s’abritent sous leurs boucliers et dégainent leurs armes

Les coups de feu jaillissent, tout comme les larmes

Prouvant que la guerre est la pire des mélodies

Pour certains, victimes de leur propre estime

Le réveil au chant des oiseaux est un cruel ennemi

Si leur joie de vivre disparaît ainsi dans l’abîme

C’est probablement car le soleil est parti

Lutte souvent plus ardue qu’un combat armé

Contrôler sa conscience est d’une grande importance

Si la santé mentale frappe avec telle violence

C’est parce qu’elle n’est pas assez souvent soulignée

Survenant lorsque d’eux-mêmes n’ont que faible confiance

Certains se rabaissent à dénigrer la différence

Alors que les minorités devraient en être fières

Leur existence se transforme en calvaire

Pour donner l’illusion d’une certaine puissance 

Ceux qui cherchent le malheur des autres ont l’embarras du choix

Dénigrent couleur, amour, genre ou croyances

Alors qu’en eux ne réside qu’un grand désarroi

Mais qu’est-ce que cette société 

Celle où les siècles se succèdent

Tous emplis d’inventions et de remèdes

Sans toutefois contenir de paix méritée  

Lorsque je soufflerai mes prochaines bougies

Prière que mon souhait soit exaucé:

Un monde où tous contribuent au bien-être d’autrui

Et où notre but commun est d’avancer

Source de l’image liée à l’article: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/photo-de-globe-sur-table-en-bois-3747527/

Ouïr – Un poème de Raymond Devos à découvrir

Rosemarie Cantin

On peut penser que la poésie est un style d’écriture plate et difficile à comprendre, mais ce poème de Raymond Devos vient nous prouver le contraire. En effet Ouïr est un poème qui rit des méandres de la langue française et qui est à découvrir. 

Voici le poème en question, Ouïr:

OUÏ DIRE …

Il y a des verbes qui se conjuguent très irrégulièrement.

Par exemple le verbe OUÏR

Le verbe ouïr, au présent, ça fait :

J’ois …J’ois …

Si, au lieu de dire  » j’entends « , je dis  » j’ois « ,

les gens vont penser que ce que je dis est joyeux;

alors que ce que j’entends peut être triste.

Il faut préciser :

 » Dieu ! que ce que j’ois est triste ! « 

J’ois …

Tu ois …

Tu ois mon chien qui aboie le soir au fond des bois ?

Il oit …

Oyons-nous ?

Vous oyez !

Ils oient.

C’est bête !

L’oie oit ? Elle oit, l’oie !

Ce que nous oyons, l’oie l’oit-elle ?

Si au lieu de dire « l’oreille », on dit « l’ouie », alors :

L’ouie de l’oie a ouï.

Pour peu que l’oie appartienne à Louis :

 » L’ouie de l’oie de Louis a ouï « 

 » Ah oui ? « 

 » Et qu’a ouï l’ouïe de l’oie de Louis ? « 

 » Elle a ouï ce que toute oie oit … « 

 » Et qu’oit toute oie ? « 

 » Toute oie oit, quand mon chien aboie le soir au fond des bois, toute oie oit : Ouah ! Ouah ! « 

Qu’elle oit, l’oie ! … »

Au passé ça fait : J’ouis …

J’ouis !

Il n’y vraiment pas de quoi !  

Tout d’abord, j’ai vérifié dans le Bescherelle en ligne, et le verbe Ouïr se conjugue réellement de cette manière, la langue française est réellement pleine de règles et de particularités uniques, mais une de ces particularités a mené à la création de ce poème, donc j’en suis reconnaissante.

Raymond Devos est un humoriste franco-belge né en 1922, auteur de plusieurs sketchs humoristiques. Mais il a également écrit quelques poèmes, dont Ouïr fait partie. Ouïr est paru dans un recueil de sketches, À plus d’un titre, aux éditions Presses Pocket.

J’ai aimé l’absurde des réflexions contenues dans ce poème, ainsi que la légèreté du texte. 

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Amour inconditionnel  

Marianne Provost et Emma Leblond-Beauchesne 

Tu ouvres les yeux pour la première fois 

Ils sont là, tu les vois  

Te sourient avec tant de joie 

Tu te sens déjà comme chez toi 

Tes premiers mots génèrent tant d’émotion 

Tes premiers pas sont reçus avec milles acclamations     

Chaque petit geste, chaque apprentissage  

Rendent heureux et fiers tout ton entourage 

Ils te reconduisent à tes activités 

T’enseignent tous leurs savoirs 

T’amènent découvrir des paysages inusités 

Te font sourire quand tu broies du noir    

Tu te sens entouré, choyé et aimé 

Pour chaque faible exploit  

Ils sont constamment derrière toi  

Te procurant une impression de sécurité 

Puis sans aucun préavis 

Se déclenchent les premiers soucis  

La rébellion commence  

À la recherche de ton indépendance  

Inconsciemment ou alors innocemment,  

Tu repousses ceux qui ne veulent que ton bien  

Qui ne cherchent qu’à t’apporter leur soutien 

Et à comprendre tes états d’âme du moment 

Avec eux s’amuser 

Te semble soudainement moins excitant 

Comme ils semblent l’oublier, 

Tu n’es plus un enfant 

Tu ne souhaites point les froisser 

Mais tu as besoin de te recentrer 

Maintenant que tu n’es plus au primaire 

La famille te semble secondaire  

Plusieurs années ont passé  

Lors desquelles tu as évolué 

Si tu jettes un coup d’œil sur ton passé 

Tu vois maintenant que tu aurais dû en profiter 

C’est difficile à remarquer 

Et peut-être qu’ils l’ont oublié 

Mais malgré les chicanes, les cris et les pleurs 

Tu les aimes du plus profond de ton cœur 

Mains de pouvoir

Matilda Dupuis




Hélas

la marée a monté

l’eau qui couvre l’humanité  

ne redescend plus

recouvre les maisonnées 

les vies

les rues

Plus jamais ne seront-elles revues 

couvertes d’eau 

toutes les vies

du monde entier 

prises 

par les mains de pouvoir 



Dans leurs mains

le monde a péri 

de chaleur

de soif

de faim 

de noyade

pas toutes à la fois 

mais lentement 



On a essayé 

on a essayé

mais elles n’ont pas écouté 

Elles ont tourné 

une oreille sourde 

pour ne pas nous entendre

nous entendre supplier



C’est à cause des mains de pouvoir

et de nous-mêmes

nous aussi

nous sommes le problème

que nous avons souffert 

que nous allons souffrir 

pendant des années à venir

Mourir de morts 

que nous ne méritions pas 

que dites-vous de ça 

mains de pouvoir



Mains de pouvoir

ont commis

un crime 

qu’elles n’avaient pas planifié 

elles n’ont pas fait 

tout ce qu’elles avaient promis



Elles nous entendent 

crier 

à l’aide

mais ont décidé de nous ignorer 

 n’ont presque rien fait



Un génocide de la Terre entière 

plus meurtrier

que la pire des guerres 

aucun sang 

humain ni animal 

pas une goutte ne coulera 

mais ça fera tout aussi mal  

mais on va tous mourir 

attendez un peu 

vous allez voir 



Nous allons tous mourir 

de morts que nous ne méritions pas 

que dites-vous de ça 

mains de pouvoir?