Une vie parfaite?

Laurence Dolbec

Dans notre société, on véhicule l’idée que la perfection, tant dans les sphères physiques, professionnelles ou sociales mène au bonheur absolu. Il est certain qu’avoir des exigences élevées demande une discipline rigoureuse, mais à quel prix?

Vous découvrirez ici comment ces exigences peuvent devenir des obsessions mentales et un long combat contre soi-même amenant haine, désespoir et souffrance. Ces obsessions peuvent même atteindre notre santé physique, comme nous le verrons avec les troubles alimentaires décrits ci-dessous. 

L’anorexie 

Évidemment, le trouble alimentaire le plus connu est l’anorexie. Ce problème de santé mentale est celui qui a le taux de mortalité le plus élevé. Comme vous le savez, il s’agit d’un désir démesuré de minceur extrême, d’une peur de l’obésité et se caractérise par une perte de poids rapide et significative. Cependant, en connaissez-vous tout l’aspect psychologique? À savoir que la maladie est une habile manipulatrice qui piège fréquemment les perfectionnistes. En effet, la recherche constante de satisfaction corporelle amène des déceptions répétitives. Cette voix intérieure mielleuse vous récompense lorsque vous atteignez vos objectifs de restriction, mais prenez garde : au plus petit écart, elle vous fera sentir comme un.e moins que rien. Ainsi, alimentant cet infime espoir, la victime s’isole et coupe sa vie sociale pour se concentrer seulement sur son but: la perfection. Plus elle va loin, plus elle se sent fière, comme si c’était la preuve d’une forme de persévérance ou d’accomplissement personnel. Bien sûr, le reflet dans le miroir ne sera jamais assez fin et c’est ce qui mène dans ce cercle infini d’amaigrissement. De plus, la dénutrition entraîne des conséquences cérébrales dont la distorsion corporelle, ce qui empire le processus. Finalement, le cœur ralentit, le laguno, un poil remplaçant le gras perdu, apparaît surtout sur les bras, et les cheveux tombent. La maladie a complètement pris le contrôle de son supplicié qui n’est en aucun cas responsable. L’anorexie n’est pas un choix, mais bien une déformation mentale. 

La bigorexie

La bigorexie est aussi connue sous le nom de dysmorphie musculaire, et est particulièrement présente chez les hommes. En effet, ces grands athlètes assoiffés de performance entament un programme d’entraînement très intense. Au fur et à mesure, l’intensité, les répétitions et le poids des haltères augmentent dans le but d’avoir des muscles plus volumineux. Contrairement aux anorexiques, les personnes atteintes de bigorexie ne sont jamais assez découpées, fortes, musclées. Une obsession sportive et alimentaire se développe alors, les amenant à délaisser leur vie au profit d’un corps parfait.  La salle de sport, l’horaire alimentaire protéiné ou tout autre processus de diminution du gras deviennent ainsi la priorité. D’ailleurs, certains utilisent la technique du « cut and bulk » qui consiste à sur-manger durant une période prédéterminée afin de prendre de la masse, puis de tout couper ensuite pour perdre le gras. D’autres se plongent dans le cercle infini des stéroïdes anabolisants, drogues pouvant causer des atteintes au cerveau et au cœur en plus d’augmenter de 4,6 fois les risques de mortalité. Les athlètes, particulièrement ceux qui pratiquent le culturisme, sont les plus touchés. En effet, cette discipline est directement liée à un objectif de corps musclé parfait, ce qui est évalué durant les compétitions où se déhanchent les participants sur scène.  

L’orthorexie

L’orthorexie fait partie des troubles alimentaires, mais on en parle peu. C’est simplement une obsession à ne consommer que des aliments classés «bons». Ainsi, les croustilles, les sucreries, le fast food sont qualifiés de «mauvais». Cette catégorisation des aliments entraîne un stress énorme à l’idée d’aller au restaurant ou de manger chez un ami, par exemple. En réalité, contrairement à la croyance populaire, aucun aliment n’est mauvais et ce n’est pas le gras ou le sucre qui font grossir, mais bien les calories. Une personne pourrait donc seulement manger des bonbons, des frites, des burgers, et tout de même perdre du poids. Tout est en lien avec la quantité et l’équilibre. Pour être considéré en bonne santé, on doit consommer une variété d’aliments, peu importe leur valeur nutritive, et surtout être à l’écoute de nos goûts. Effectivement, les nutritionnistes précisent que l’alimentation doit se faire avec plaisir et non avec contrôle. 

Enfin, vous aurez compris, par le biais des troubles alimentaires, que la recherche de perfection est une boucle infinie d’insatisfaction. Cela ne signifie pas d’abandonner tout objectif ou effort de motivation, mais seulement de travailler à avoir une vie plus équilibrée. 

BIBLIOGRAPHIE

Source de l’image liée à l’article: https://unsplash.com/fr/photos/WBfD4PImKf0

CRÉPEAU, Catherine. L’anorexie inversée chez les hommes: l’obsession du corps parfait (30 octobre 2012), https://www.coupdepouce.com/vie-perso/psychologie/article/l-anorexie-inversee-chez-les-hommes-l-obsession-du-corps-parfait, page consultée le 8 décembre 2022

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