Archives pour la catégorie Mai 2023

Le poison invisible

Laurence Dolbec

Tous savent qu’un problème banalisé ne fait que prendre de l’expansion. C’est le cas des intoxications, particulièrement au GHB, dans les bars, qui font des ravages de plus en plus fréquents partout au Québec et maintiennent les victimes, surtout les femmes, dans la peur et le doute.

Qu’est-ce que c’est?

Tout d’abord, le GHB fait partie de la catégorie des dépresseurs, agissant puissamment sur le fonctionnement du cerveau. Sous forme liquide, cette drogue est incolore, inodore et non perceptible dans une boisson alcoolisée, particulièrement puisque son goût salé et savonneux s’y noie. De plus, ses effets se perçoivent en 20 minutes, mais disparaissent très rapidement. En effet, elle est détectable seulement 6 heures dans le sang et de 10 à 12 heures dans l’urine. Par contre, cette drogue n’est pas que nocive, puisqu’elle s’utilise dans le domaine médical depuis les 20ème siècle. Pour commencer, l’acide gamma-hydroxybutyrate (GHB) voit ses débuts en 1847 alors qu’il est synthétisé pour la première fois par le chimiste russe Aleksandr Mikhaïlovitch Zaïtsev. Cependant, aucune pratique pharmaceutique n’en est faite avant les années 1960. À ce moment, la Gamma-OH, comme on l’appelait à l’époque, agit comme anesthésique hypnotique, c’est-à-dire l’utilisation d’une forme d’hypnose afin d’éviter l’anesthésie avant une opération. Par exemple, ce procédé servait en obstétrique, qui désigne la surveillance de l’évolution d’une grossesse, puisque ses effets toxiques étaient nulles sur le cerveau d’un fœtus. Peu à peu, cette drogue se répand pour répondre à une variété de besoins, car ses effets secondaires sont considérés minimaux. Aujourd’hui, puisqu’il nécessite un contrôle pour être sécuritaire, le GHB ne s’utilise que dans les anesthésies-réanimations très spécialisées. Ainsi, il est illégal dans les pratiques récréatives, telles que dans l’alcool ou la drogue, puisque ses effets sont dévastateurs.

Conséquences

Certes, selon le Dr Martin Laliberté, du Centre universitaire de santé McGill, le GHB crée un état de somnolence, d’euphorie, une perte de connaissance et de mémoire. En conséquence, la victime est étourdie et inconsciente des décisions qu’elle prend ou trop sonnée pour même en prendre. C’est pourquoi certains criminels la glissent dans les verres aux bars, comme elle passe inaperçue. Ainsi, dû à son impact sur la volonté et le jugement, ils exploitent sexuellement leurs victimes devenues vulnérables. Pour cette raison, le GHB est appelée drogue du viol, puisqu’elle permet aux agresseurs d’agir sans que la personne ne s’en souvienne. Aussi bien que plusieurs intoxications sont dissimulées, ses effets attribués à une trop grande consommation d’alcool. De plus, la difficulté à s’orienter ou coordonner nos mouvements, l’hyperventilation, les nausées, vomissements, les frissons et bouffées de chaleur contribuent à brouiller la conscience et la compréhension de la situation. Plus encore, des conséquences physiques à long terme peuvent survenir selon la quantité absorbée, tels que des troubles digestifs et gastro-intestinaux, des troubles du sommeil, des migraines, des nausées, des blessures et des complications gynécologiques. Après l’événement, les sensations de culpabilité et de honte surviennent, puisque les victimes en veulent à leur supposée imprudence. En effet, plusieurs comportements d’hypervigilance dus à l’angoisse et l’anxiété sont observés à la suite de l’agression. Certains se sentent sales ou anormaux, alors que d’autres nourrissent la haine, le chagrin ou le désespoir. En conséquence, les souvenirs corporels exubérants qui surviennent les amènent à se questionner quant à leur contribution à

l’agression et parfois même à poser des gestes suicidaires. Bien évidemment, il est inconcevable que des telles situations puissent encore se produire et que la victime s’en sente responsable. Il est encore plus horrifiant que les femmes, qui sont les principales cibles, ne puissent sortir dans un bar sans la peur d’une éventuelle intoxication. C’est d’ailleurs cet aspect social, aussi touché par le GHB, qui rappelle l’urgence d’agir. Effectivement, ces impacts démontrent la scandaleuse réalité d’une agression sexuelle. L’agresseur transmet sa douleur aux victimes qui s’isolent, perdent leur autonomie et parfois leurs emplois. Néanmoins, le cœur du problème provient de sa banalisation. En effet, le noir n’est que peint de blanc, espérant à tort que, caché, il s’y noiera.

Solutions

Heureusement, si on réalise que le scandale de la drogue du viol est celui de tous, plusieurs solutions sont possibles pour stopper ce fléau. Sandrine Pelletier et plusieurs de ses amies ayant aussi été intoxiquées au GHB, ont confessé à Le Devoir en mars dernier la peur qu’elles ont ressenties. D’ailleurs, elles proposent plusieurs alternatives qui permettraient d’augmenter leur sentiment de sécurité, en commençant par les bars. Par exemple, des couvercles anti-drogues, des sous-verres qui la détectent ou davantage de caméras sont des investissements pertinents pour protéger la clientèle. Plus que tout, la conscientisation du personnel, l’agissement concret des témoins et selon La Presse la prévention immédiate du 911 pour procéder à un prélèvement toxicologique au plus vite favorisent la motivation à agir. En prime, peu de centres hospitaliers offrent des soins de dépistage rapide; il en existe seulement 3 à Montréal. Ainsi, la politique participe activement au combat, puisque Manon Massé, inquiète de la situation, appelle à l’aide au gouvernement. « C’est l’intégrité du corps des femmes qui est en jeu ici […], droguer quelqu’un contre sa volonté, c’est criminel. Et donc, il faut donner aux femmes le moyen de pouvoir être testées partout sur le territoire du Québec. », témoigne-t-elle à La Presse. Une loi unanime est donc votée le 1er juin 2022 afin d’adopter les tests et l’équipement nécessaires pour détecter le GHB dans tous les hôpitaux de la province.

En conclusion, la drogue du viol, ce poison invisible, affectent notre société plus que l’on pense. Plusieurs moyens, en commençant par prendre ce problème au sérieux, peuvent être mis en place pour ainsi, prévenir des situations ayant des conséquences physiques, mais surtout psychologiques irréversibles

BIBLIOGRAPHIE

DUHAMEL, Frédérik-Xavier. «Motion adoptée à l’unanimité visant à élargir le dépistage au Québec», La Presse (8 juin 2022), [https://www.lapresse.ca/actualites/politique/2022-06-08/drogues-du-viol/motion-adoptee-a-l-unanimite-visant-a-elargir-le-depistage-au-quebec.php], page consultée le 9 avril 2023.

PELLETIER, Sandrine. «La drogue du viol dans les bars, ça concerne tout le monde», Le Devoir (20 mars 2023), [https://www.ledevoir.com/opinion/libre-opinion/785949/idees-la-drogue-du-viol-dans-les-bars-ca-concerne-tout-le-monde], page consultée le 9 avril 2023.

TABLE DE CONCENTRATION SUR LES AGRESSIONS À CARACTÈRE SEXUELLES À MONTRÉAL. Impacts des drogues du viol http://www.agressionsexuellemontreal.ca/violences-sexuelles/agression-par-intoxication/impacts-et-consequences, page consultée le 9 avril 2023.

WIKIPÉDIA. Acide gamma-hydroxybutyrique (21 février 2023), https://fr.wikipedia.org/wiki/Acide_gamma-hydroxybutyrique#:~:text=10.3%20Liens%20externes-,Historique,synth%C3%A9tise%20de%20nouveau%20en%201961, page consultée le 9 avril 2023.

Le parcours interculturel: un projet riche en diversité

Léanne Langlois

C’est lors du parcour culturel que tous les efforts des élèves de quatrième secondaire du Programme d’Éducation intermédiaire qui ont travaillé avec acharnement sur leur création peuvent enfin voir le fruit de leur travail.

Qu’est-ce que le parcours interculturel?

À chaque année dans le Programme d’Éducation intermédiaire, une tâche interdisciplinaire est exigée. Cette année, pour les élèves de quatrième secondaire, le projet de niveau était le parcours interculturel. Il s’agit d’un projet qui est réalisé durant le cours d’histoire, d’anglais, d’éducation physique et de science. L’objectif est de favoriser la sensibilité internationale, l’action par le service, mais aussi de développer les connaissances, les compétences et l’ouverture d’esprit à travers diverses cultures du monde grâce aux multiples talents artistiques des élèves. Ainsi, les six classes de P.E.I. se sont vu attribuer un pays au hasard. Parmi ces pays, on retrouve la Nouvelle-Zélande, le Chili, la Pologne, la Turquie, le Vietnam et l’Afrique du Sud. Il s’agit d’une compétition amicale entre classes qui suscite toujours de l’enthousiasme auprès des étudiants et des enseignants.

Le déroulement du parcours

Suite à l’attribution des pays, chaque classe est divisée en sous-comité ayant chacun une tâche bien définie à réaliser. Plusieurs périodes sont accordées dans les cours d’histoire mais aussi de design afin de permettre aux élèves de réaliser leur projet. Ensuite, en début avril, une semaine est réservée pour présenter les diverses créations à l’ensemble des élèves de quatrième secondaire et aux juges. Chaque activité permet d’amasser des points, plus une classe est classé haut dans le pointage, plus de points elle remporte pour cette catégorie. Les gagnants sont déterminés à l’aide de la compilation finale des points accumulés durant la semaine. Sans oublier que chaque classe a monté un kiosque avec leurs créations mises en valeur à l’avant avec des décorations représentant le pays. Ce n’est qu’une fois toutes les activités terminées que les trois premières positions de chaque activité sont révélée aux élèves et finalement le grand gagnant. De plus, lors de cette compétition, les groupes peuvent aussi gagner d’autres prix en remportant le groupe coup de coeur voté par les autres classes, ou encore le plus beau kiosque. À la fin de cette belle semaine, tout le monde est récompensé avec une magnfique sortie au cinéma. Pour ce qui en est des récompenses, toutes les classes se verront le droit à des cartes-cadeaux. Cependant, les trois premières classes seront davantage récompensés que les autres ainsi que les gagnants du groupe coup de coeur et du meilleur kiosque.

Les activités réalisées par les élèves

Parmis ces activités nous retrouvons une publicité commerciale réalisée durant le cours d’anglais où un produit ou élément représentatif du pays est représenté de manière à inciter le public à l’acheter. Dans cette même matière, les élèves doivent réaliser un livre pour enfants combinant des éléments culturels du pays, créer les dialogues, les images et la mise en page sans oublier la narration à un enfant. Afin de mettre un peu plus de rythme au parcours, une danse doit être créée lors du cours d’éducation physique et réalisée par l’ensemble du groupe devant le reste des élèves. Cette danse doit être

inspirée du pays attribué, ainsi plusieurs décident d’incorporer des musiques traditionnelles, des pas de danse typique et des éléments représentatifs de leur pays. Les accessoires et les costumes sont de mise afin d’éblouir les juges sans oublier la synchronisation. Pour ce qui en est des sous-comités, il y a celui du costume où les participants doivent fabriquer à la main un costume traditionnel qui sera porté par un élève lors d’un petit défilé accompagné par une vidéo expliquant le processus de la création, les significations que l’on retrouve sur la pièce et les techniques de fabrication utilisées. Le sous-comité du drapeau est chargé de construire une oeuvre originale symbolisant le pays aussi accompagné d’une vidéo explicative de la création. Évidemment, chaque culture a des musiques et des instruments bien à eux, c’est pourquoi il existe un projet qui consiste à la fabrication d’un instrument de musique traditionnel avec une courte vidéo explicative. Pour les futurs architectes, il y a aussi un projet à faire. Il s’agit de la construction d’un élément architectural symbolique du pays avec une vidéo expliquant son importance et sa symbolique. Pour les plus créatifs, une revue de presse sous forme de bulletin de nouvelles présentant des événements importants qui se sont déroulés dans le pays doit être créée sans oublier qu’une saynète doit être présentée avant le visionnage de la vidéo. Dans le même genre, on retrouve le carnet de voyage consistant à une vidéo qui valorise les attractions touristiques ainsi que ses nombreux attraits autant culturels que géographiques. Toujours dans l’aspect des vidéos, il y a aussi les grandes découvertes, où l’équipe doit réaliser un reportage sur une découverte ou un chercheur originaire de leur pays. Il ne faut pas oublier que pour toutes ces vidéos, la créativité et le dynamisme sont de mise pour se démarquer. Maintenant, pour les élèves qui ont un talent culinaire, les douceurs d’ailleurs est le sous-comité parfait. Pour ce projet, il faut cuisiner 200 bouchées d’un dessert traditionnel du pays pour faire goûter tous les élèves. Il faut aussi penser à la présentation des desserts, certaines équipes construisent des présentoirs, d’autres apportent des touches à leurs assiettes lorsqu’elles sont présentées aux juges, comme en ajoutant des napperons, des boissons, etc. Il s’agit de l’activité préférée et la plus attendue par les élèves afin de déguster les douceurs préparées par chaque pays. D’autres activités sont aussi présentées lors du parcours, comme le jeu culture en herbe où chaque classe s’affronte lors d’un questionnaire comportant des questions générales des différents pays. Ou bien le montage du kiosque, où chaque classe est invitée à monter un petit kiosque symbolisant et représentant leur pays avec les créations réalisées lors des sous-comités mais aussi dans les diverses matières.

En somme, ce projet interdisciplinaire est une activité qui bénéficie de la coopération et tisse des liens au sein de chaque classe. Les élèves ont toujours hâte d’y participer et réalisent de très belles œuvres de qualité où l’on peut voir leur motivation ainsi que tous leurs efforts fournis.

Le deuxième chapitre d’une histoire qui commence et finit par les mêmes mots.

Une histoire qui débute et finit par les mêmes mots, tel est le défi que je me suis donné, du moins si j’en suis capable.

Vous trouverez ici le deuxième chapitre de ce roman, le premier étant déjà disponible dans l’édition d’avril.

Chapitre 2

Je l’avais rencontrée en décembre. Je me rappelle de la première sortie que nous avions faite tous les deux. Nous sommes allés patiner. Ce n’était pas la première fois que nous faisions une activité ensemble, mais de cette façon là, oui.

Nous y sommes allés d’une façon… moins amicale.

Plus comme un rendez vous.

Un rendez-vous amoureux.

Nous étions deux personnes qui aimaient prendre notre temps, mais la connexion entre nous était évidente.

Nous avons patiné main dans la main pendant quelques heures jusqu’à en avoir les orteils gelés. Je lui avais acheté un chocolat chaud pour qu’on se réchauffe. Après seulement quelques heures passées avec lui, je lui avais confié mes problèmes d’anxiété. Il m’avait rassuré, en me disant qu’il m’aimait malgré tout et qu’il était là pour moi, qu’il ne m’abandonnera jamais.

Techniquement, a t il tenu sa promesse?

Je ne le sais pas moi même.

Mais je ne peux pas lui en vouloir évidemment.

Je me sentais si bien avec lui.

Jamais je ne m’étais senti ainsi auparavant

Notre relation était si saine. Peut-être trop même.

***

Cela faisait déjà presque un an que nous nous fréquentions.

C’était le retour de ma saison préférée. C’était le 22 décembre, il me semble.

Ou le 23.

Je ne m’en souviens plus pour être honnête.

Cette fois-là nous décidions d’aller marcher dans le Vieux-Québec. Je me souviens que c’était une journée chaude d’hiver.

La température était en haut du point de congélation. Peut-être 5 ou 6° C.

Pour l’occasion je tressa mes longs cheveux bruns comme je le fais souvent.

Quoi qu’il en soit, nous nous étions donné comme point de rencontre le terminus d’Youville puisque nos deux bus s’y rendait.

Mon bus arriva environ 8 minutes après le sien. Alexis était donc déjà là lorsque je suis arrivée. Je descendis en remerciant le chauffeur et je rejoignis mon copain.

Dès que je l’aperçu je trouva qu’il avait l’air un peu perdu dans ses pensées.

«Ça va?»

lui demandais-je inquiète.

«Oui, mais j’ai l’impression qu’il fait froid non?»

Je trouva cela bizarre car moi j’avais chaud avec mon manteau d’hiver. Mais bon c’était peut-être juste son bus qui lui avait donné froid.

«J’ai apporté une veste de plus dans mon sac, on peut rentrer dans un commerce pour que tu la mette en dessous de ton manteau.»

«Oui ca serait gentil si ça ne te dérange pas.»

Évidemment que ça ne me dérangea pas.

Ça me fut même plaisir.

Pourtant, j’eu cette impression que ce n’était pas la seule chose qui clochait avec lui.

Évidemment, je me dis que ça arrivait à tout le monde des journées plus difficiles, je lui demandis donc s’il y avait d’autres choses qui le tracassait pour être sûr qu’il sente qu’il pouvait m’en parler si jamais.

«Tu es certain qu’il n’y a pas autre chose qui cloche?»

«Je me sens un peu étourdi mais ce n’est rien de grave ça m’arrive souvent ces temps-ci.»

«Aimerais-tu aller manger ou boire quelque chose?»

«Non merci, je n’ai pas faim»

«Es tu sûr? Je peux te le payer.»

Il me fit un sourire en coin.

Je sentis encore qu’il n’était pas cent pour cent correct mais à ce moment, je me donna pour défi de lui changer les idées.

Nous avons commencé notre marche juste après être rentrés pour se réchauffer.

Il ne venait pas souvent au vieux-Québec donc nous commencions par aller au château frontenac. Nous avions même essayé les grandes glissades!

J’avais oublié l’incident survenu quelques minutes plus tôt et je profita du moment. Après environ une heure de marche je rentra dans la bâtisse pour me chercher un starbucks. Comme à mon habitude, je lui en proposa un, mais a ma grande surprise, il refusa. Alexis était le genre de personne à ne jamais refuser une Starbucks.

Un peu comme moi en fait.

Je sentis qu’il en voulait un mais qu’il s’en empêchait.

«Ça me fait plaisir de t’en acheter un Alex.»

Je lui souris

«Non merci, j’apprécie l’intention mais je n’en ai pas très envie.

Encore à ce jour je ne sais pas si j’ai halluciné cette journée là, mais on aurait dit qu’il avait presque les larmes au yeux.

Je me suis dit que j’avais assez insisté pour cette journée-là et qu’il m’en parlerait s’il me souhaitais.

J’aurais peut-être dû insister finalement…

MUSÉE DE LA CIVILISATION

Marianne Paradis

Depuis son inauguration en 1988, le Musée de la civilisation fait partie intégrante du paysage du Vieux-Québec. Son architecture unique et audacieuse, tout comme sa grande pertinence historique, font du Musée un édifice à ne pas manquer.

Connu pour son « approche muséologique dynamique1 » et pour ses expositions avant-gardistes et novatrices centrées sur l’être humain, le Musée de la civilisation est l’une des principales attractions à Québec. L’un des aspects particuliers du Musée est sans contredit son architecture, qui se fond naturellement dans le vieux quartier.

SA CRÉATION

En 1980, un concours d’architecture est lancé pour le futur Musée de la civilisation, situé au 85 rue Dalhousie. Entre les cinq concurrents, c’est finalement le plan proposé par l’architecte Moshe Safdie qui est sélectionné. La construction commence en 1984, et le Musée ouvre officiellement ses portes le 19 octobre 1988.

BBGL /Sungur Incesulu / Moshe Safdie / Desnoyers Mercure, architectes associés (Lauréat)

L’architecture du Musée tel qu’imaginé par Safdie évoque un village d’autrefois, avec son clocher d’église et sa « place publique ». C’est pour évoquer la vie communautaire et cet endroit de rencontre de chaque village que l’architecte a conçu son bâtiment de cette manière.

Le Musée, dès sa création, cherche à se « démarquer des musées traditionnels en suivant le rythme rapide des changements et des phénomènes de civilisation.2 » C’est pourquoi le Musée présente des expositions temporaires qui changent rapidement, et sur divers sujets. Ce renouvellement rapide des expositions est le pari effectué par le directeur général de l’époque, Roland Arpin, pour que le Musée soit un endroit fréquenté et populaire.

RECONNAISSANCE

Le Musée de la civilisation a remporté de nombreux prix pour son architecture, dont le prix du Gouverneur général du Canada en 1992. Il est d’ailleurs l’un des musées les plus fréquentés au Canada, avec plus d’un demi-million de visiteurs par année. Le Musée a aussi reçu le prix d’excellence de l’Ordre des architectes du Québec.

ÉDIFICE DE LA BANQUE-DE-QUÉBEC ET MAISON GUILLAUME-ESTÈBE

Le hall principal du Musée (où se situe l’accueil et la billetterie) unit deux bâtiments historiques : l’édifice de la Banque-de-Québec et la maison Guillaume-Estèbe.

La banque de Québec est fondée en 1818, et la construction de l’édifice ci-bas est effectuée en 1861 par l’architecte Edward Staveley. L’édifice est racheté par le gouvernement du Québec peu après 1960 pour un projet qui ne se réalisera finalement jamais. Il est intégré au projet du Musée de la civilisation à la fin des années 1980.

Quant à la maison Guillaume-Estèbe, il s’agit d’une ancienne résidence urbaine bourgeoise construite vers 1752, pendant le Régime français. La commission des monuments historiques acquiert l’édifice en 1959, et la maison est réaménagée en 1987 lors de son intégration au Musée de la civilisation. Aujourd’hui, la maison Guillaume-Estèbe accueille une partie du personnel du musée et la boutique.

Édifice de la Banque-de-Québec (haut) et la maison Guillaume-Estèbe (bas)
Christian Lemire 2006, © Ministère de la Culture et des Communications

LE HALL DU MUSÉE

Des fouilles archéologiques réalisées dans la maison Guillaume-Estèbe pendant la construction du Musée de la civilisation ont révélé une barque datant du Régime français, conservée par le fait qu’elle n’était pas exposée à l’air libre. La barque est déposée, bien en vue, dans le hall du musée. D’autres vestiges de barques ont aussi été retrouvés, mais ils étaient en trop mauvais état pour être exposés.

La barque, dans le hall du Musée de la civilisation

Dans le hall d’entrée du musée, on retrouve aussi une sculpture de grande envergure, La débâcle de Astri Reusch. Cette œuvre est la gagnante d’une compétition à l’échelle du Québec réalisée en 1982, où il fallait concevoir et réaliser une sculpture sur le thème du fleuve Saint-Laurent. L’œuvre d’Astri Reusch, des grands blocs de béton armé coulé, évoque la fonte des glaces sur le fleuve au printemps.

La Débâcle (Astri Reusch, 1988), depuis la mezzanine du hall d’entrée du Musée de la civilisation (Moshe Safdie, 1988), Québec
Grégoire Breault, 2015

UN MUSÉE EN ÉVOLUTION

Le plan d’aménagement des toits du Musée
2021 © Musée de la civilisation

Depuis un projet de potager temporaire installé en 2008 à l’occasion du 400e de Québec, le Musée rêve de donner vie à une installation verte permanente. En partenariat avec Nature Québec, le projet de toit vert a finalement été mis sur pied en octobre 2021.

Lors de votre prochaine visite au Musée, montez les grands escaliers et allez voir la verdure !

NOTES DE BAS DE PAGE

1 VILLE DE QUÉBEC. Musée de la civilisation, https://www.ville.quebec.qc.ca/citoyens/patrimoine/quartiers/vieux_quebec/interet/musee_de_la_civilisation.aspx, page consultée le 9 avril 2023.

2 RADIO-CANADA. Archives | Il y a 30 ans, le Musée de la civilisation transformait le Vieux-Québec (18 octobre 2018), https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1130080/musee-civilisation-quebec-architecture-moshe-safdie-archives, page consultée le 9 avril 2023.

BIBLIOGRAPHIE

CATALOGUE DES CONCOURS CANADIENS. Musée national de la Civilisation, https://www.ccc.umontreal.ca/fiche_concours.php?lang=fr&cId=32, page consultée le 9 avril 2023.

GENOIS GAGNON, Jean-Michel. La débâcle printanière selon Astri Reusch (16 mai 2013), https://www.lesoleil.com/a7a73c9aeff535a0ce1d9ac25412786a?nor=true, page consultée le 10 avril 2023.

MUSÉE DE LA CIVILISATION. À propos, https://www.mcq.org/fr/a-propos, page consultée le 9 avril 2023.

MUSÉE DE LA CIVILISATION. Le Musée se dote d’un toit vert et communautaire (28 juillet 2021), https://blogues.mcq.org/blog/2021/07/28/le-musee-se-dote-dun-toit-vert-et-communautaire/, page consultée le 11 avril 2023.

NIETS, Max. La Débâcle, Sculpture in the Musée de la Civilisation (Québec City) (12 novembre 2013), https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/d2/La_D%C3%A9b%C3%A2cle_article.pdf, page consultée le 10 avril 2023.

RADIO-CANADA. Archives | Il y a 30 ans, le Musée de la civilisation transformait le Vieux-Québec (18 octobre 2018), https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1130080/musee-civilisation-quebec-architecture-moshe-safdie-archives, page consultée le 9 avril 2023.

RÉPERTOIRE DU PATRIMOINE CULTUREL DU QUÉBEC. Maison Guillaume-Estèbe, https://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=92646&type=bien, page consultée le 10 avril 2023.

RÉPERTOIRE DU PATRIMOINE CULTUREL DU QUÉBEC. Édifice de la Banque-de-Québec, https://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=109940&type=bien, page consultée le 10 avril 2023.

WIKIPÉDIA. Musée de la civilisation (2 avril 2022), https://fr.wikipedia.org/wiki/Mus%C3%A9e_de_la_civilisation, page consultée le 9 avril 2023.

VILLE DE QUÉBEC. Musée de la civilisation, https://www.ville.quebec.qc.ca/citoyens/patrimoine/quartiers/vieux_quebec/interet/musee_de_la_civilisation.aspx, page consultée le 9 avril 2023.

Est-il possible de «trop» aimer son enfant?

Mathilde Leblond

Avez-vous déjà envié un de vos amis ou alors votre cousin qui se fait toujours acclamer, gâter et chérir pour un rien par ses parents? Le golden child syndrome, ou alors le syndrome de l’enfant d’or en français, est un type d’éducation aux ravages dévastateurs qui peuvent persister tout au long d’une vie. Rendez-vous dans cet article pour découvrir les différents aspects de ce phénomène encore peu connu.

Même si son nom l’indique à tort, le syndrome d’enfant d’or n’est pas réellement une maladie. Ce titre est généralement acquis par un parent fragile qui recherche des louanges non obtenues lors de son enfance à travers son enfant, ou alors par des parents narcissiques. Ces derniers se servent de l’enfant d’or comme source de fierté, en s’assurant que leur enfant leur rende honneur en étant le plus excellent possible pour ensuite se valoriser eux-mêmes en donnant le crédit de l’attitude parfaite de leur progéniture à leur éducation. Dans tous les cas, un enfant d’or est un gamin qui est chéri, gâté et félicité pour n’importe quelle action qu’il commettra, pour des raisons qui varient: un talent particulier atlhétique ou académique, une attitude plus obéissante ou juste le genre du bébé. Il sera idéalisé pour la moindre des choses, décrit comme grandiose et talentueux dès son plus jeune âge, sans nécessairement le mériter.

L’un des problèmes majeurs avec ce type d’éducation, c’est comment les frères et sœurs de l’enfant d’or se sentiront par rapport à lui. Alors qu’il se fait traiter comme un ange tombé du ciel, eux subiront des commentaires de comparaison et deviendront le bouc émissaire des parents, puisqu’ils ne blâment évidemment rien sur leur petit prodige. L’enfant préféré aura droit à plus d’attention, de privilèges et d’accompagnement de leur part, ce qui va fort probablement l’isoler de ses frères et sœurs en raison de la jalousie qu’ils ressentiront à son égard. Face à cela, il y a deux comportements possibles de la part du favori: soit il profitera de l’intérêt plus élevé que ses parents lui portent pour se montrer vaniteux et méchant avec les autres membres de famille, ou alors, dans un cas plus rare, se sentira coupable et impuissant toute sa vie par rapport à cette situation.

Dans un environnement pareil, il est évident que le bambin ne se conduira pas comme les autres enfants de son entourage. Être excessivement adulé lors de son enfance apporte bien moins de points positifs qu’on pourrait penser, et en voici deux exemples.

Le plus souvent, un enfant élevé de cette manière va, sans surprise, développer un ego colossal dès son plus jeune âge, ce qui peut le mener à avoir un comportement désagréable avec quiconque ne le traite pas aux petits oignons comme ses parents, ou alors avec les autres personnes de son âge, puisque sa confiance en soi prend trop de place et le pousse à croire que tout lui est permis. Cette mentalité causera bien évidemment des ravages lorsqu’il sera temps pour l’enfant d’or d’évoluer sans ses parents; en plus d’avoir une mauvaise réputation, il devra faire face à la dure réalité avec des attentes démesurées envers les autres, puisque c’est toujours comme ça que son entourage l’a traité.

Même si l’exemple précédent est le plus fréquent, les enfants vivant sous le toit de parents «atteints» du syndrome de l’enfant d’or peuvent réagir bien différemment de ce que l’on pourrait penser. En effet, certains vivent mal le traitement exagéré qu’ils reçoivent comparativement à leur frère ou leur sœur et l’isolation qui s’ensuivra. En bref, cette catégorie d’enfant se sent constamment inconfortable et coupable dans la position de l’enfant préféré; les éloges que les enfants favoris reçoivent pour un rien peuvent leur causer de la difficulté à s’identifier, puisqu’ils ne se reconnaissent tout simplement pas dans l’image que leur parents ont d’eux. Se faire appeler un génie pour une bonne note ou bien une personne spectaculairement serviable pour mettre la table peut porter à confusion sur ce qu’on excelle réellement, par exemple.

Ces bambins de nature plus sensible ont tendance à s’éloigner de leurs parents avec l’âge, et la même culpabilité qu’ils ressentent à l’égard de leurs frères ou sœurs a bien des chances de persister également.

Mais pour revenir à la question originale du texte, y a-t-il un scénario dans lequel l’enfant d’or grandira sans conséquences négatives? Eh bien oui, mais selon la docteure Ramani (https://www.youtube.com/@DoctorRamani ), les conditions pour arriver à cela sont nombreuses et ce n’est pas gagné d’avance.

En effet, pour qu’une telle situation se produise, le favori devra utiliser toutes ses attentions spéciales de la part de ses parents à son avantage et celui des autres. En plus de devoir atteindre une estime de soi-même raisonnable, il faudrait qu’il se montre généreux et qu’il «partage» certains de ses privilèges à ses frères et sœurs et qu’il les utilise à bon escient. Par exemple, l’enfant d’or pourrait insister auprès de ses parents pour qu’ils assistent à la compétition de soccer d’un ou alors qu’ils achètent un joli cadeau à l’autre, pour qu’il n’y ait pas de jalousie fraternelle ni de culpabilité dans la famille. Mais encore là, même si les parents de l’enfant d’or sont prêts à en faire beaucoup pour leur petit prodige, ce n’est pas garanti qu’ils accepteraient de trop se forcer pour les autres membres de leur progéniture. Il serait aussi de mise pour l’enfant d’or, frères et sœurs ou pas, de comprendre que ses parents ne sont pas de bonnes personnes en termes d’éducation et qu’il est mal de rabaisser ceux qui n’ont pas grandi avec le même genre d’éducation.

On serait prêts à parier que le mal de tête vous guette après avoir lu ce paragraphe… Effectivement, des scénarios hypothétiques comme celui ci-dessus sont presque inatteignables, surtout pour quelqu’un aussi en bas âge.

Il faut donc se rendre à l’évidence: il existe de nombreuses manières d’éduquer qui restent en tout cas propres à chacun, mais une règle reste universelle à respecter, celle d’accepter son enfant pour qui il est, ni plus ni moins!

En conclusion, même s’il est essentiel d’élever son enfant dans un climat d’amour et d’acceptation, il faut apprendre à le faire à juste dose pour éviter le risque de ruiner la santé mentale ou la réputation de celui qu’on éduque. N’oublions pas toutefois que tous les parents ont droit à l’erreur, et qu’il n’y a pas qu’une seule manière d’enseigner à quelqu’un.

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Si vous avez envie d’en apprendre plus sur le sujet d’une manière plus poétique, deux suggestions ci-dessous pourrait possiblement vous intéresser:

Celle de trop est un livre fictif écrit par Joannie Touchette qui raconte le récit d’Éléonore Coulombe, une jeune fille à la sœur jumelle «parfaite» selon ses parents. Voici le résumé original qui vous mettra une bonne mise en bouche de l’univers ardu du personnage principal:

Échec. Failure. Fracaso. Fallimento. Peu importe quelle langue on utilise, le résultat est le même : je n’ai pas réussi ma cinquième secondaire. En septembre, je vais devoir recommencer à zéro, tandis que ma jumelle ira au cégep. On a beau être identiques, ma soeur et moi, un monde nous sépare. Avec ses longs cheveux châtains tressés à la Katniss Everdeen, son cerveau digne de celui d’Einstein et une bonté qui surpasse celle de mère Teresa, Cassiopée Coulombe est la perfection incarnée. Et la préférée de nos parents. C’est simple, elle excelle sur tous les plans, alors que je fais toujours tout foirer. À l’école, à la maison, dans la vie en général… je ne suis qu’une déception sur deux pattes. Éléonore-la-bonne-à-rien. Celle qu’on tolère par dépit, faute d’options. Ouais, ça, je l’ai compris il y a très longtemps. Grâce à ma chère maman.

Dans la catégorie musique, une chanson chantée en japonais évoque spécifiquement, selon son auteur, le golden child syndrome et ses effets dévastateurs socialement. Nommée Aishite Aishite Aishite, on espère qu’elle vous fera vibrer!

BIBLIOGRAPHIE

THE SCHOOL OF LIFE. The golden child syndrome (13 septembre 2018), [vidéo]. Repérée à: https://youtu.be/JkSGP3Sk14U le 5 avril 2023.

DOCTORRAMANI. When the golden child grows up (3 août 2021), [vidéo]. Repérée à:https://youtu.be/tdn30HxQB_w le 5 avril 2023.

LES LIBRAIRES. Celle de trop par Joannie Touchette, https://www.leslibraires.ca/livres/celle-de-trop-joannie-touchette-9782897921606.html, page consultée le 13 avril 2023.

Autour du monde

Myriam Lévesque

Dans le cadre du projet de niveau Autour du Monde, les jeunes de secondaire 1 du programme d’éducation intermédiaire (PEI) ont eu la chance de présenter leur destination voyage à des élèves du primaire.

C’est le 30 mars dernier, à la première et à la troisième période qu’a eu lieu la fameuse présentation des élèves de secondaire 1 PEI sur leur destination voyage. En lien avec leur projet de niveau nommé Autour du Monde, les élèves se sont regroupés en équipe de quatre et un pays leur a été attribué. Chaque coéquipier avait la tâche de choisir une ville de ce pays et de sélectionner des attraits touristiques pour permettre à de futurs voyageurs d’y séjourner. Chacun d’entre eux devait calculer le coût relié à l’hébergement et aux activités citadines, avant de calculer le coût final de leur voyage. La présentation qui s’ensuit avait pour objectif de convaincre de futurs voyageurs de choisir une destination voyage.

C’est aux moyens de kiosques colorés, de ballounes aux couleurs thématiques et de photos oniriques que les élèves de secondaire 1 ont su charmer leur jeune clientèle. En effet, les jeunes du primaire avaient pour mission d’évaluer les différents kiosques et de choisir celui qu’il préférait, afin d’élire une agence vainqueure.

Il est important de souligner que cette présentation était le fruit d’un travail colossal qui s’échelonnait sur plusieurs mois. Effectivement, ce projet d’interdisciplinarité comptait plusieurs tâches à réaliser par les élèves. Parmi elles, on retrouve une armoirie réalisée en cours d’informatique, des fiches animales confectionnées dans le cours de science et technologie ainsi que la rédaction d’un texte sur un élément religieux en cours d’éthique et culture religieuse. Ces éléments ont ensuite été réutilisés pour enrichir les kiosques des élèves.

Autour du Monde en 2020…

Le projet Autour du Monde 2022-2023 est un retour à la formule pré-pandémique du projet, avec peu ou même aucune restriction sanitaire. Ainsi, les élèves de secondaire 1 ont eu la chance de compléter leur projet avec leur présentation.

Malheureusement, ce n’a pas été le cas de la cohorte des élèves de secondaire 4 actuels, qui ont vu leur présentation annulée moins de deux semaines avant sa tenue, dû au confinement… j’en fait partie! Ce fut donc un réel plaisir pour moi de voir l’engagement de ces élèves à travers leur présentation. Je tiens également à mettre de l’avant la qualité des kiosques, que ce soit par la beauté et l’originalité des affiches ou par le dévouement des élèves qui ont cuisiné de la nourriture typique de leur pays. Wow!

Un projet rempli de défis

La majorité des élèves que j’ai sondés m’ont répondu qu’ils avaient beaucoup aimé leur projet. Ils ont notamment apprécié le partage de connaissances qu’ils ont eu avec les plus jeunes. Cependant, certains m’ont parlé de la complexité des recherches effectuées, selon la quantité d’informations disponibles sur leur pays. Néanmoins, plusieurs élèves m’ont affirmé que la présentation leur avait permis de développer une capacité d’adaptation auprès de leur public cible et d’apprendre à mieux gérer leur stress.

Lien image: https://anniversaire-en-or.com/jeu-enquete-autour-du-monde/

Crise en Haïti

Zachary Grandmont

Depuis plusieurs années, les crises en Haïti se multiplient. En effet, l’héritage du colonialisme, en plus des circonstances climatiques et naturelles ont longtemps fait du petit pays un havre de corruption et de pauvreté. La situation, bien que dramatique, n’est devenue critique qu’au courant de la dernière année, ou, suivant l’assassinat du président Jovenel Moise, des gangs criminels lourdement armés ont pris possession d’importantes infrastructures dans la capitale de Port-au-Prince, ou vivent environ un tiers des habitants du pays. Suivant cette attaque, le Premier ministre en fonction, Ariel Henry, a demandé à la communauté internationale d’envoyer une aide militaire afin de mettre fin à la violence, une demande pratiquement jamais vue auparavant.

La situation en bref

En juillet 2021, l’assasinat du du Premier ministre Jovenel Moise donne, semble-t-il, le coup d’envoi au crime organisé du pays, qui prennent, grâce à des armes obtenues sur le marché noir, le contrôle de plusieurs points importants en Haiti, notamment ceux tenant au transport et à la distribution de marchandises. Un régime de terreur s’installe alors, les habitants, souvent déjà très pauvres (avant la crise, Haïti était le seul état d’amérique à être considéré comme un des pays les moins avancés au monde par l’ONU) ont un accès encore plus rare à des ressources essentielles telles que l’eau et la nourriture. De plus, le choléra, que l’on croyait éliminé depuis plusieurs années sur ce territoire a refait surface et, faute d’accès aux infrastructures médicales appropriées, beaucoup de citoyens en sont décédés. Les gangs utilisent aussi la violence physique et sexuelle afin d’intimider les citoyens ou tout simplement parce que la police nationale n’est pas suffisamment nombreuse ou bien équipée pour les arrêter. Les batailles à l’arme à feu sont communes, comme le sont les balles perdues. De plus, ils avaient, pour un temps, le contrôle du centre pétrolier Thor, coupant ainsi une grande partie de la population l’accès à l’énergie. Cela était d’autant plus dramatique car la plupart des habitants n’ont pas accès à un réseau de distribution de l’électricité et remplissent tous leurs besoins énergétiques grâce à des génératrices au pétrole. La structure a depuis été reprise, mais des incidents similaires, comme la fermeture de la quasi-totalité des écoles, ainsi qu’un manque de ressources généralisé, briment toujours la population Haïtienne.

La réponse internationale

En réponse à tous ces problèmes, la communauté internationale n’est pas restée sans rien faire. Plusieurs pays, notamment les États-Unis et le Canada, ont instauré des sanctions d’une ampleur historique aux meneurs des plus grands groupes criminels menaçant présentement la population. Le Règlement sur les mesures économiques spéciales visant Haïti, la sanction canadienne, qui vise Jimmy Cherizier, meneur du G9, ainsi que huit autres criminels interdit à tout canadien d’effectuer quelque transaction que ce soit avec ces personnes, en plus de geler leurs avoirs à l’intérieur du pays. Tout séjour au Canada leur serait refusé. Ces mesures ont été saluées à l’international et en Haïti, mais leur impact concret reste à être observé. Plusieurs millions de dollars, 16,5 au moment des sanctions, ont aussi été envoyés afin d’à la fois aider la population à se nourrir et se protéger et afin que le gouvernement puisse enquêter et rétablir l’ordre. Le Canada a aussi annoncé la possibilité de sanctions supplémentaires dans le futur.

Opinions divergentes

Suite à la demande historique du Premier ministre par intérim, l’opinion à la fois dans le pays et à l’extérieur a drastiquement divergé. Pour la plupart des habitants, bien que la plupart sont évidemment favorables à l’aide humanitaire, au vu de leur situation, beaucoup redoutent une intervention de nature militaire. En effet, le petit pays des Antilles a déjà été occupé, dans le dernier siècle seulement, à trois reprises. Lors de la plus récente, la force des casques bleus de l’ONU en 2004 a été accusée d’inconduite sexuelle, en plus d’avoir relâché l’épidémie de Choléra qui cause, encore à ce jour, bien du tort aux Haïtiens. Le gouvernement du Canada, par le député libéral de Bourassa Emmanuel Dubourg, dont la famille est d’origine Haïtienne, a exprimé un sentiment similaire: «Le député libéral de Bourassa a indiqué que les interventions militaires dans le passé ont permis de rétablir l’ordre pendant un certain temps, mais que la situation s’est de nouveau détériorée après le départ des soldats en raison de la fragilité des institutions en Haïti». D’autres citoyens ont aussi demandé une réduction du trafic d’armes avec Haïti, ainsi qu’un meilleur équipement pour leurs propres forces. Il est aussi important de considérer leur climat politique actuel, résultant d’une succession de gouvernements instables suite à l’exil du dictateur Jean-Claude Duvalier en 1986. Jovenel Moïse, bien que généralement apprécié de la population, avait été accusé de ne pas avoir réellement gagné les élections par ses opposants. Même l’actuel dirigeant du pays n’a pas été élu, mais a pris le pouvoir en situation de crise à la mort du précédent premier ministre. La tenue d’élections libres depuis aurait été difficile, sinon impossible, mais son autorité n’est pas reconnue par beaucoup d’Haïtiens, pas seulement par les criminels.

Les propositions

Après la demande du gouvernement Haitien, deux projets ont été proposés par les États-Unis et le Mexique, dont un aux Nations-Unies. La première, souvent jugée comme plus  »raisonnable » par les différents acteurs, propose une force d’action rapide dont l’objectif premier serait de permettre à l’aide humanitaire d’atteindre et de profiter à ceux qui en ont réellement besoin, ainsi que de servir de tactique d’intimidation dans le but avoué d’apeurer suffisament les criminels afin qu’ils se rendent. Une forme de réintégration pacifique, ainsi qu’un pardon leur serait proposé. C’est à propos du second projet que le Canada reçoit davantage de pressions de ses partenaires économiques et stratégiques. En effet, cette option consiste en une force policière et militaire non-onusienne, menée par un pays d’Amérique en renfort aux forces de police locales. Les États-Unis, ayant très souvent affecté la politique intérieure d’Haïti, ne se sont pas portés volontaires afin de mener une telle opération, mais à la fois le Canada et le Venezuela ont étés considérés.

Conclusion

La situation, même après plus d’un an de quasi-anarchie, ne s’est pas simplifiée. La possibilité d’une intervention armée plane toujours, sans réel développement. Malgré cela, le temps joue en la faveur de ceux qui souhaiteraient y envoyer une force militaire. Plus les citoyens ont à souffrir sous le joug des criminels, plus ils souhaitent une fin rapide à ces tragiques évènements. Certains haut-placés Haitiens s’inquiètent cependant aussi pour la sécurité de du groupe envoyé, la situation à laquelle ils seraient confrontés étant bien peu orthodoxe: «Il s’est également inquiété de la situation que rencontrerait une force de sécurité internationale, qui ne serait pas confrontée à une armée conventionnelle, mais à des  »gangs, situés dans des zones pauvres et qui utilisent la population comme bouclier pour se protéger »». La situation humanitaire, cependant, ne démontre aucun signe d’amélioration, les multiples groupes criminels ayant plutôt gagné en puissance et en nombre alors que de plus en plus de citoyens sont forcés de les rejoindre par peur ou nécessité, n’ayant pas eux-même accès aux ressources. D’un point de vue économique, un ralentissement général de l’économie déjà fragile du pays a été observé, étant même un des points principaux du document gouvernemental demandant une action militaire qui craignait une «asphyxie complète de l’économie nationale». Le gouvernement canadien n’a pas renoncé à l’idée d’envoyer des troupes, à certaines conditions: «Il veut cependant se faire rassurant quant au spectre d’une potentielle intervention militaire canadienne, affirmant qu’il n’y en aura pas tant qu’il n’y aura pas de consensus politique et populaire clair en Haïti». De telles mesures s’inscrivent aussi à la liste de tensions internationales interventionnistes, grandement amplifiées par le conflit russo-ukrainien. Même si elles devaient être mises en place, de telles actions ne devraient cependant être qu’un prélude à une longue reconstruction, ainsi qu’à l’élimination des problèmes à la source, sinon quoi une autre intervention sera inévitablement nécessaire dans le futur.

Bibliographie

1. BELLAVANCE, Joël-Denis. «Intervention militaire en Haiti: Une solution de ‘’dernier recours estime le député Emmanuel Dubourg», La Presse (24 novembre 2022), [https://www.lapresse.ca/actualites/politique/2022-11-24/intervention-militaire-en-haiti/une-solution-de-dernier-recours-estime-le-depute-emmanuel-dubourg.php], page consultée le 20 février 2023.

2. David BEAUCHAMP et Lucie FERRÉ. «Crise en Haiti: vers une intervention militaire», Métro (22 novembre 2022), [https://journalmetro.com/actualites/2952559/crise-en-haiti-vers-une-intervention-militaire/], page consultée le 22 février 2023.

3. Danica COTO et Evens SANON. «Haiti demande une ‘’assistance internationale’’», La Presse (7 octobre 2022), [https://www.lapresse.ca/international/caraibes/2022-10-07/crise-de-securite/haiti-demande-une-assistance-internationale.php], page consultée le 24 février 2023.

4. GOUVERNEMENT DU CANADA. Les sanctions canadiennes liées à Haiti (15 février 2023), [https://www.international.gc.ca/world-monde/international_relations-relations_internationales/sanctions/haiti.aspx?lang=fra], page consultée le 17 février 2023.

5. INTERNATIONAL CRISIS GROUP. Dernier recours en Haiti: La perspective d’une intervention étrangère (14 décembre 2022), [https://www.crisisgroup.org/fr/latin-america-caribbean/haiti/b048-haitis-last-resort-gangs-and-prospect-foreign-intervention], page consultée le 24 mars 2023.

6. KITROEFF, Natalie. «Gang violence cripples Haiti’s fight againt cholera», New York Times (29 novembre 2022), [https://www.nytimes.com/2022/11/19/world/americas/haiti-cholera-gang-violence.html], page consultée le 17 février 2023.

7. RADIO-CANADA. Cinq choses à savoir sur Haiti (8 juillet 2021), [https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1807390/haiti-politique-economie-violence-resume], page consultée le 17 février 2023.