Marianne Paradis
Lyse Savard enseigne le français à l’école De Rochebelle depuis plus ou moins vingt-huit ans (elle ne compte plus les années!) Nous profitons de l’occasion pour en apprendre davantage sur cette enseignante avant qu’elle ne nous quitte bientôt pour une retraite bien méritée.
Lyse se décrit d’abord comme une « femme de tête » qui aime le travail cérébral et les défis. Elle accorde beaucoup d’importance à ses proches : « Je suis une personne axée sur l’amitié, l’amour. » Elle est également une personne passionnée qui a de nombreux intérêts : « Évidemment, j’aime beaucoup le français. J’aimais beaucoup la lecture avant, mais la qualité de mes yeux ne me le permet plus. » Aujourd’hui, elle écoute plutôt une grande quantité de films, et se considère davantage comme une cinéphile. Elle a aussi un talent pour le travail manuel : « Je fais beaucoup de bricolage, de toutes sortes. Quand j’avais une maison avec mon conjoint, on a rénové deux salles de bain, on a refait la cuisine. Je suis tellement bonne qu’il m’appelait la spécialiste des égouts. Ce n’est pas facile, faire des égouts! Si j’avais à me réorienter, et que j’étais jeune et physiquement capable, je pense que je prendrais un emploi où j’ai besoin de travailler manuellement. »
Avant de se réorienter vers l’enseignement au secondaire, Lyse était secrétaire. « Je n’aimais pas ce travail-là, » admet-elle. « Tu es toujours au service des autres, et c’est vite redondant. En tout cas, moi ça m’emmerdait.» Vers l’âge de trente ans, elle a donc décidé de retourner aux études pour obtenir son baccalauréat. Depuis sa jeunesse, elle avait souvent été poussée vers l’enseignement : « J’ai enseigné l’équitation, » raconte-t-elle notamment. « L’approche du cheval, avec des tout petits, des 4-5 ans, qui avaient vraiment très peur des chevaux. » Elle a aussi enseigné la danse pendant longtemps : « C’est ça qui m’a amenée à faire mon cours pour enseigner le français. »
En entrant à l’université, Lyse a dû faire un choix afin de déterminer la matière qu’elle enseignerait. Ayant été une élève qui s’intéressait à de nombreux sujets, le choix n’était pas simple. Elle explique qu’elle voulait une matière qu’elle pourrait enseigner à tous les niveaux, ce qui éliminait l’histoire et la géographie. Elle aurait aimé faire de l’éducation physique, mais ne croyait pas être assez en forme, étant plus âgée que beaucoup d’étudiants. Au secondaire, elle aimait aussi les mathématiques et les sciences, mais cette option a également été écartée : « Ça faisait une dizaine d’années que je n’avais vraiment pas fait de mathématiques. Au cégep ça allait quand même bien, mais cette coupure-là a fait que c’était plus difficile. C’était déjà dur de retourner aux études, et on dirait que j’avais perdu la main. »
C’est pourquoi Lyse a finalement arrêté son choix sur le français. « Je me suis dit que si je sais bien lire en français et que je comprends bien les textes, je vais pouvoir m’intéresser à toutes sortes d’affaires, » explique-t-elle. « Je dois avouer que la première session à l’université, je n’aimais vraiment pas ça du tout. Mais la deuxième, j’ai eu une enseignante belge, et c’est là que j’ai accroché. »
En y repensant aujourd’hui, Lyse n’est toujours pas certaine de son choix : « Si j’avais choisi avec mon cœur, je ne suis pas sûre que j’aurais pris le français. » Malgré tout, elle est toujours aussi passionnée par l’enseignement. « C’est tellement beau. On ne le voit pas comme ça, mais c’est un emploi où tu peux être créatif. Tu es toujours en train de fignoler, et ça te permet d’avoir de super réussites. » Elle aime d’ailleurs s’impliquer dans la vie scolaire, ayant même tenté de démarrer une nouvelle activité à l’école : « Je suis maniaque de mots croisés, je suis cruciverbiste. J’ai essayé de partir ça, mais ça a l’air que ça n’intéresse pas les élèves. Pourtant, c’est super le fun! »
Lyse apprécie aussi d’autres aspects inattendus de l’enseignement : « Au deuxième cycle, l’analyse littéraire, je ne me tanne pas de la corriger. Je trouve que c’est autant bon pour moi que pour l’élève. Ça m’apporte beaucoup. » Cependant, elle admet que certaines tâches connexes lui pèsent beaucoup. « Quand je rentre dans ma classe, je ferme la porte, j’enseigne une matière, ça, c’est merveilleux, » convient-elle. « Mais à l’extérieur, les réunions, les journées pédagogiques où ils nous obligent à suivre des formations, la tonne de correction qui nous attend, ça c’est le côté négatif. Mais il y en a dans tous les emplois, des affaires plates. »
C’est pourquoi, malgré son attachement à sa classe et à ses élèves, Lyse voit d’un bon œil sa retraite qui approche : « Mes projets en ce moment sont plus tournés vers ce que je vais faire après. Je me sens moins à m’impliquer dans l’école, parce que j’ai déjà une patte à l’extérieur. […] J’ai encore la santé pour faire autre chose. J’aimerais faire autre chose, dans un autre domaine. »
En attendant son départ, Lyse continue d’être présente à l’école, même pendant cette période de négociations et de grèves dans le secteur public. Pour elle, il est important de soutenir ses collègues qui ont encore plusieurs années devant eux dans le système scolaire. C’est pourquoi elle est allée piqueter aux côtés des autres : « Je le fais pour la future génération d’enseignants. […] Je me dis qu’il y a déjà des gens qui se sont battus pour moi, c’est mon tour de donner au suivant. Je trouve ça important. »
Recommandations littéraire et cinématographique de Lyse Savard
Livre : La Nuit des temps (1968) de René Barjavel
Dans ce roman de science-fiction, une équipe de scientifiques découvre, congelés dans la glace de l’Antarctique, deux humains endormis provenant d’une civilisation vieille de 900 000 ans.
Qu’en pense Lyse? « [Barjavel] n’écrivait pas des histoires d’amour, il écrivait de la science-fiction. Pourtant, les plus belles histoires d’amour, c’est dans les livres de Barjavel que je les ai lues! C’est très beau, c’est des amours impossibles. J’aime ça quand ça me fait pleurer un petit peu! Ça me permet d’avoir les deux, parce que j’aime les mondes imaginaires. »
Film : Leo (2023) sur Netflix
Ce dessin animé raconte l’histoire de Leo (Adam Sandler), un lézard tuatara qui vit dans un terrarium dans une classe de cinquième année. Lorsque l’enseignante part en congé de maternité, une remplaçante plus âgée arrive. Elle décrète que Leo et son compagnon de terrarium, une tortue, doivent passer chaque fin de semaine chez un élève différent. Leo, doué de parole, devient un confident pour les élèves de la classe.
Qu’en pense Lyse? « Moi, les animaux qui parlent, les dessins animés, j’adore ça! Je trouvais que ça s’adressait bien aux adultes aussi. »
Merci Lyse d’avoir accepté de partager ton histoire avec nous! Nous te souhaitons du bonheur et de l’épanouissement pour les années qui viennent!
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