Marianne Paradis
Ce n’est pas pour tous les Rochebellois et Rochebelloises que la rentrée s’effectue en septembre. En effet, le programme de francisation de De Rochebelle accueille de nouveaux élèves tout au long de l’année. Ceux-ci vivent donc à leur tour leur propre rentrée, au milieu de l’année scolaire.
Le programme de la francisation de De Rochebelle compte environ 230 élèves issus de l’immigration. Certains de ces élèves arrivent d’un programme de francisation au primaire ou sont arrivés au Québec pendant l’été avant la rentrée, et participent donc à la rentrée technique et scolaire en même temps que le reste de De Rochebelle.
Cependant, ce n’est pas le cas pour tous. Chaque deux semaines, le programme de francisation accueille de nouveaux élèves. « Des fois j’en ai un, des fois j’en ai deux. Mais des fois, j’en ai dix, » raconte Bianca Smith, agente interculturelle en milieu scolaire à De Rochebelle. Elle explique que lors de leur inscription à l’école, ces élèves rencontrent l’orthopédagogue pour faire une entrevue initiale au cours de laquelle leur parcours migratoire et leur niveau de scolarisation sont pris en compte afin de déterminer quelle classe leur convient le mieux.
Lors de leur premier avant-midi à l’école, les nouveaux Rochebellois et Rochebelloises achètent leurs manuels scolaires, accompagnés d’un ou d’une élève qui parle leur langue maternelle. Si nécessaire, Bianca leur fournit cartables, crayons et efface. Ensuite, les jeunes visitent l’école, se font expliquer leur horaire et reçoivent un casier.
Bianca explique que la rentrée scolaire est une expérience extrêmement angoissante pour les nouveaux arrivants. Les premiers jours, « ils s’assoient en classe et ne comprennent vraiment, littéralement, rien. » Puis, progressivement, ils commencent à se familiariser avec la langue. « Ça sort à l’oral en premier, puis à l’écrit et à la lecture, » rapporte-t-elle.
Dès son arrivée à De Rochebelle, chaque élève suit des cours de francisation, mais aussi d’arts plastiques, d’éducation physique et d’informatique. Puis, au fur et à mesure que sa maîtrise du français s’améliore, de nouveaux cours s’ajoutent à l’horaire : éthique, mathématiques, etc. Ultimement, l’objectif est que l’élève intègre le programme de Monde et passions et obtienne son diplôme d’études secondaires.
Cependant, depuis le début de la pandémie, ce transfert de programmes ne peut plus se faire dès que l’élève est prêt. En effet, les classes sont pleines, et il n’y a pas de place pour intégrer de nouveaux étudiants en cours d’année. Le programme de francisation a donc dû se tourner vers d’autres solutions : « On a rapatrié une équipe de profs du régulier pour leur enseigner toutes les matières du régulier, » raconte Bianca. Le programme Monde et passions se donne donc maintenant dans certaines classes de francisation, avec la même matière et les mêmes évaluations qu’ailleurs dans l’école.
Cependant, tous les élèves du programme de francisation ne rejoignent pas le programme Monde et passions. Certains émigrent à un âge plus avancé ; leur temps à De Rochebelle est donc trop limité pour apprendre la langue. D’autres, comme certains réfugiés de guerre, ont eu un accès limité à l’éducation au cours de leur vie et vivent donc un retard scolaire important. Les étudiants qui n’ont pas rejoint Monde et passions à la fin de leur secondaire se dirigent ensuite vers le centre d’éducation Le Phénix, où ils pourront poursuivre leur francisation avec d’autres adultes.
« Le désavantage du Phénix, c’est qu’il faut qu’ils finissent la francisation avant de pouvoir avoir des cours du régulier. Tandis qu’ici, on est à deux vitesses. Ils peuvent avancer pendant qu’ils apprennent la langue, » explique Bianca. Il existe tout de même des solutions pour que les étudiants en francisation puissent continuer leur parcours scolaire en parallèle de leur francisation : « On essaie de les référer dans des programmes où ils ont des stages en milieu de travail, de les orienter de façons différentes. »
Il est certain que, peu importe leur parcours, avec le support et la bienveillance de toute l’équipe pédagogique et d’accueil de la francisation, tous les nouveaux arrivants de De Rochebelle sont entre de bonnes mains.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Les élèves de la francisation proviennent de dix-huit groupes ethniques différents, et ont quinze langues maternelles différentes. Les plus fréquentes sont actuellement l’espagnol, l’ukrainien, le swahili, le russe et l’arabe. Il y a donc une grande diversité d’origines au sein du programme de francisation.
Merci à Bianca Smith pour sa contribution remarquable à cet article, il m’a fait plaisir d’en apprendre davantage sur cette facette de notre école en sa compagnie.
