Sur le même piédestal

Laurence Dolbec

Qu’est-ce qui dure réellement dans notre monde? C’est la question que je me pose lorsque j’observe les enjeux mondiaux qui agitent notre planète. Ainsi, je vous propose une critique littéraire, par rapport aux valeurs sociales, d’un livre que j’ai lu récemment: Entre chiens et loups.

Nous sommes dans un monde où l’égalité de couleur est impossible. Un monde où les Noirs, les Primas, sont riches, prospères, puissants et où les Blancs, les Nihils, sont dénigrés, méprisés. Perséphone Hadley (Sephy), 14 ans, fait partie de la haute classe. Sa naïveté et sa détermination sont admirables. Même si elle est prête à secourir n’importe qui, sa famille respecte impérativement les standards sociaux. Même que son père, ministre de l’Intérieur, travaille pour agrandir l’abîme entre Primas et Nihils. Callum McGrégor, le meilleur ami de Sephy, ne rentre certainement pas dans le moule que la société lui impose. Il a presque deux ans de plus qu’elle, est intelligent, sensible, mais suffoque sous la discrimination qui règne. Hésitant à agir, McGrégor laisse la haine s’accumuler au fond de lui, bouillir. C’est dans ce monde noir d’inégalités que grandissent nos deux héros. C’est dans ce monde blanc d’indécence que leur amour rose se développe. Et ce monde foncé est peinturé avec une palette unicolore…

Enjeux identifiés

Tout d’abord, le lecteur observe la défaillance dans le système gouvernemental qui influence l’opinion publique. En effet, lorsque les premiers Nihils (dont Callum) entrent au réputé collège pour Noirs Heathcroft, plusieurs émeutes ont lieu, des massacres surviennent et les autorités racistes interviennent. Habituellement, les Blancs ont droit à une éducation moindre, peu financée. Sephy, bouleversée par ces agissements, s’acharne à la protection de son ami, mais elle est maltraitée à son tour. De plus, Kammal, son père, est soucieux uniquement de sa crédibilité donc l’atmosphère familiale est sans amour et devient un outil d’apparence. Pour ce qui est de Callum, le désir violent de son père et de son frère pour la vengeance l’influence et détruit petit à petit le pacifisme maternel. En parallèle, la Milice de la Libération est un groupe nihil terroriste qui se bat pour l’égalité de son peuple. Elle perçoit les Primas comme des meurtriers alors que ce n’est peut-être qu’une manière d’oublier leurs meurtres qui les dégoûtent eux-mêmes. Un baiser qui aveugle notre passé, une bouteille qui apaise notre douleur ou une arme qui évacue notre rage. Ces actions permettent de réaliser les injustices qui régissent la société. Par exemple, l’interdiction d’aimer ou de se défendre amène la culpabilité de son identité. En effet, puisqu’ils sont différents, la relation entre Sephy et Callum, considérée comme scandaleuse, solidifie plusieurs rivalités qui l’empoisonne, accroissant le sentiment de haine, amenant la compétition. Pour lui, un Prima ne peut être malheureux. Ainsi, il généralise leur hostilité, ce qui affecte même Sephy, restée apathique face à cette souffrance. Riches de leurs expériences, les jeunes apprivoisent leur horrible réalité, esquivant la mort qui les a peut-être déjà atteints.

Sources: https://www.google.com/search?q=entre+chien+et+loup&rlz=1CAGWKK_enCA1021&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ved=2ahUKEwiGm_vMsLn9AhV1D1kFHfwQBZUQ_AUoAXoECAEQAw&safe=active&ssui=on#imgrc=Pd5BUPQIJWCs5M

Mon avis

Selon moi, ce livre, bien que sensible, traite d’enjeux racistes gouvernementaux et familiaux auxquels il est pertinent de réfléchir. En effet, nous nous sensibilisons à la diversité mondiale tout en comparant le racisme «inversé» par rapport à certains pays comme l’Afrique du Sud ou les États-Unis. Les mots sont bien choisis pour la description et permettent ainsi une vision objective. Le lecteur analyse les sentiments contradictoires des personnages face à leur destin et comprend la douleur des deux côtés de la médaille. Je pense d’ailleurs que c’est ce qui rend l’histoire si réaliste, originale. La richesse ne crée pas le bonheur, l’égalité le crée. De plus, chaque page ajoute une émotion, un événement ou un éclat qui fait grandir l’histoire. Le tout premier élément est la couverture qui présente la moitié des visages des deux personnages principaux. Selon mon interprétation, il est démontré qu’ils ont chacun besoin de l’autre pour être un entier. Leur différence est complémentaire. D’un autre côté, j’observe la ligne qui les sépare, comme pour les éloigner. À première vue, cette dangereuse divergence est déjà perceptible. De plus, le titre significatif est mis en valeur. «Entre chiens et loups» est une expression signifiant que dans l’obscurité, on ne peut pas discerner totalement les choses. Quelles sont les réelles intentions de nos personnages? Est-ce de l’amour ou de la haine? Pourquoi catégoriser la population? Comment différencier le bien du mal? C’est ce que vous découvrirez si vous lisez ce bijou littéraire enrichissant…

En conclusion, devant les injustices ravageant notre société, je constate que peut-être rien ne va vraiment durer. Par contre, Entre chiens et loups, livre que je vous propose, permet de voir l’espoir sous un angle plus artistique.

BIBLIOGRAPHIE

BLACKMAN, Malorie. Entre chiens et loups,Toulouse, Les Éditions de Milan, 2005, 396 p. (Entre chiens et loups)

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