La culture québécoise

Marianne Paradis

Par rapport à la culture québécoise, ce qu’on entend souvent à l’école, c’est que ça n’existe pas. Mais qu’en pensent vraiment les étudiants de De Rochebelle ? De nos jourss, la culture québécoise est-elle pertinente pour les jeunes ?

Selon l’UNESCO, la culture se définit par « l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. » Il est aussi question de valeurs, de traditions et des arts, ainsi que d’une constante évolution. En effet, l’organisation affirme que, sans contact ou dialogue avec d’autres, une culture s’épuise et meurt.

Les élèves de De Rochebelle à qui j’ai demandé ce que signifie la culture québécoise ont répondu, pour la plupart, en énumérant les éléments qui évoquent pour eux le Québec. Il était notamment question de poutine, du Carnaval et du hockey. Sans surprise, le thème de la langue française était aussi très présent dans leurs réponses. En effet, il est indéniable que la langue joue un rôle primordial dans l’expression d’une culture. Les expressions, accents, régionalismes et caractéristiques spécifiques au langage font partie intégrante du bagage culturel de la province. Après tout, comment une culture peut-elle s’épanouir si elle n’a pas de mots pour décrire ses réalités ?

« C’est important pour notre génération de s’assumer, parce que ce n’est pas mal de parler français, » soutient une élève. « Si tout le monde parlait anglais, on serait tous pareils et il n’y aurait pas de diversité. On n’aurait plus cette particularité-là. La langue française est une partie de qui on est. »

Pour les élèves que j’ai interrogés, parler « québécois », c’est un mélange d’accent, de prononciation, de mots anglais francisés, de sacres particulièrement colorés, d’expressions qui laissent parfois perplexes et d’un vocabulaire propre aux Québécois . Plusieurs ont abordé le fait que le Québec est la seule nation francophone d’Amérique, en parlant de « barrière linguistique », de « facteur culturel permettant de différencier le Québec » et de « patrimoine culturel. »

Évidemment, le Québec n’est pas la seule nation à parler une langue différente de celle du reste du pays. La Catalogne et l’Écosse n’en sont que quelques exemples. D’ailleurs, la Catalogne a tenté, en 2017, un référendum quant à la possibilité de devenir un état indépendant, comme l’avait fait le Québec en 1980 et en 1995. Chez eux comme chez nous, toute tentative se s’est soldée par un échec, notamment à cause de l’intervention de l’État dont le peuple souhaitait se séparer. Au vu des réponses des élèves, il est évident que le sujet est source de division; la question de l’appartenance québécoise ou canadienne étant loin de faire l’unanimité.

Graphique représentant les résultats obtenus dans un sondage réalisé

auprès de certains élèves de De Rochebelle.

(Janvier 2023)

Lorsque interrogés sur la question, plusieurs élèves de De Rochebelle considéraient que protéger la culture québécoise ne devait pas être une priorité face à des enjeux comme les changements climatiques : « La protection de la culture n’est pas une priorité, car encore faut-il être là pour en profiter, » a déclaré un élève à ce sujet.

Or, tous ne sont pas d’accord avec ces propos : « […] il ne faut pas non plus négliger les enjeux locaux qui ne sont peut-être pas aussi pressants, mais qui doivent quand même être considérés pour éviter, par exemple, la disparition graduelle de la langue, » a répondu une élève de quatrième secondaire.

J’ai également demandé aux élèves si, pour eux, protéger la culture québécoise était plus synonyme d’ouverture ou de fermeture sur le monde. La plupart des élèves se sont entendus pour dire que la protection de la culture québécoise est complètement distincte des notions d’ouverture ou de fermeture. Pourtant, encore là, il y avait des divergences d’opinions. « Selon moi, c’est complètement séparé, » affirme l’un d’entre eux. « Il est entièrement possible de s’ouvrir au monde tout en préservant notre culture, d’incorporer des éléments d’autres cultures en gardant ce qui est important au Québec. » Pour d’autres, « protéger la culture québécoise prend un plus grand espace et laisse souvent moins d’importance aux autres cultures du monde. »

Dans tous les cas, tous semblaient s’entendre sur l’idée que la protection de la culture québécoise ne devrait en aucun cas se faire aux dépens de l’acceptation et de l’intégration des nouveaux arrivants. À ce sujet, un élève de De Rochebelle affirme : « […] on ne doit pas adopter la culture des autres régions du monde en délaissant la nôtre et il ne faut pas

croire que pour protéger notre culture il faut la rendre exclusive et empêcher les autres cultures de vivre en cohésion sur le territoire. »

Lorsque je leur ai demandé s’ils ressentaient de la fierté à être québécois, les élèves semblaient souvent perplexes. « Je n’en suis pas fier, de la même manière que je n’en ai pas honte, » a expliqué l’un d’entre eux. « Je n’éprouve pas ou peu de ressenti face à une réalité sur laquelle j’ai peu ou pas de contrôle. »

« Oui, pourquoi pas, » a pour sa part répondu une autre. «C’est pas vraiment un accomplissement, mais bon. »

Or, ce n’est pas le cas pour tous. De nombreux élèves se disaient fiers d’être québécois.

« Je suis très fière d’être québécoise, » explique une élève, « parce que malgré les hauts et les bas de l’histoire du Québec, je pense que dans l’ensemble, nous sommes sur certains points un modèle. » Comme exemple, elle mentionne le fait que le Québec ait réussi à préserver sa langue, son unicité ainsi que ses systèmes d’hydroélectricité et d’éducation.

Après avoir eu accès à l’opinion de nombreux élèves de De Rochebelle à propos de la culture québécoise, j’ai moi-même été amenée à me questionner sur le sujet. Finalement, je crois que la culture québécoise est, comme toute autre culture, unique, valable, et digne de protection et de mise en valeur. Comme n’importe où ailleurs, il est normal que certaines personnes ressentent plus d’attachement que d’autres, tant que chacun reste respectueux du ressenti de chacun. Ainsi, je ne vois pas pourquoi valoriser la culture québécoise devrait nécessairement entraîner une étanchéité culturelle. Après tout, comme l’a énoncé une élève de notre école, le Québec « c’est une partie importante de qui je suis, d’où je viens. C’est là où je me sens chez moi. »

Merci à tous les Rochebellois et Rochebelloises qui ont pris le temps de répondre à mes questions !

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