Faudra-t-il un jour réinventer notre économie?

En 2022, de nombreux États comme le Québec et le Canada s’engagent dans la course quotidienne vers la hausse du PIB. Maintenant que la terre se retrouve dans l’incapacité de répondre à nos habitudes de consommation, il sera nécessaire de repenser le capitalisme. Nos objectifs ultimes de croissance économique n’auront d’autres choix que d’être revisités dans un contexte de pénurie des ressources.

Le capitalisme, doctrine économique dominante dans ce monde, se fonde sur l’accumulation de capitaux à travers une production de masse, et se caractérise par le désir de s’enrichir toujours plus. Ce système voit le jour en Angleterre, vers la fin du XVIII siècle alors que la population mondiale ne dépassait pas les 800 millions de personnes. Aujourd’hui, elle s’élève à près de 8 milliards. Dans un cadre de surpopulation, il est normal de se demander si cette volonté de croissance perpétuelle est toujours légitime, car la recherche constante du profit encourage le phénomène de surconsommation. Depuis l’aire de la production de masse, l’homme ne s’est vu imposer aucune limite quant à la production de biens. Or, la “bio-disponibilité” figurera comme le principal frein à l’accumulation de capitaux, l’essence même du capitalisme.

Le 28 juillet 2022 désignait le jour du dépassement des ressources énergétiques renouvelables. Ce qui signifie que nous avions dépassé la biocapacité de la terre (capacité de la terre à se régénérer et à absorber les déchets produits par l’Homme, notamment la séquestration du CO2). De nos jours, l’humanité aurait besoin 1,75 planète pour régénérer ce qu’elle consomme. Les divers écosystèmes (prairies, zones humides, forêts) deviennent chaque jour de plus en plus vulnérables. De plus, l’abattage des forêts et l’exploitation des énergies fossiles constituent les principales causes du réchauffement climatique qui contribue par la suite à accentuer les feux de forêts, et perturbe la vie des planctons, entraînant l’acidification des océans, et diminuant l’oxygénation des zones marines.

Ainsi, la décroissance volontaire devient un pilier pour contrer l’exponentiation de l’empreinte écologique due à la surpopulation. Aujourd’hui, en prenant pour point de départ l’estimation des Nations unies publiée en décembre 2020 qui soulignait que pour atteindre l’objectif de réchauffement de l’accord de Paris, il faudrait réduire les émissions de gaz à effet de serre de 7,6 % par an de 2020 à 2030. Comme l’avait prédit Jean-Marc Jancovici, ingénieur expert en énergie et climat, pour respecter la limite souhaitée d’un réchauffement au-dessus de 2°C, lue comme 1,5°C, la quantité d’émissions de gaz devait être divisée par trois d’ici 2050. Ce qui signifie 5% de réduction par an pendant les 30 prochaines années. « En d’autres termes, nous aurons besoin de plus de COVID-19 chaque année pendant 30 ans pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris», a-t-il expliqué.

Advenant le cas où l’humanité tourne le dos à la décroissance volontaire, il est envisagé que celle-ci soit tout de même un passage obligé dans l’histoire. Autrement dit, si nous n’effectuons aucun changement dans notre vitesse de production et dans nos habitudes de consommation, la nature se chargera de nous en imposer. Un scénario de référence prévoit une augmentation de la température de 2°C d’ici 2050 et de 3°C d’ici 2100 en l’absence de mesures d’atténuation. Sur la base des projections de l’ONU, avec une

population dépassant les 10 milliards d’individus, le taux d’augmentation d’utilisation des combustibles fossiles aura un impact négatif dominant, réduisant le PIB mondial de 21% d’ici 2100. De cette façon, l’humanité sera contrainte de revoir ses paradigmes quant à sa façon d’exploiter les ressources.

Finalement, il est clair que la philosophie actuelle d’accumulation contribue à la dégradation des divers écosystèmes. On estime à plus de 6.6000 milliards le coût des dégâts environnementaux causés par l’homme. Il faut des milliers et des milliers d’années au lion pour s’élever au-dessus de la chaîne alimentaire, ce qui laisse le temps aux autres espèces d’évoluer, à la gazelle de courir plus vite. À l’opposée, l’ascension de l’Homme au sommet de la chaîne alimentaire fut si rapide que l’écosystème n’eut aucune chance de s’adapter. Saurons-nous changer pour sauver la planète qui comble jusqu’à présent nos besoins?

Laisser un commentaire