Les drogues du futur 

Tassnym Echchahed

Une pilule magique qui permettrait de rester éveillé longtemps sans ressentir de fatigue ou encore mieux, une pilule nous permettant de devenir plus intelligents, est-ce possible ? La science a une solution à tout ! En effet, la nouvelle technologie du moment portant le nom de « smart drugs » en anglais connaît une popularité fulgurante auprès des étudiants et des professionnels.  

Tout d’abord, les médicaments les plus utilisés pour stimuler les fonctions cognitives peuvent généralement être divisés en 3 groupes : les médicaments pour le TDAH, les suppléments nootropiques et les eugéroïques. Le TDAH est un trouble neurologique se caractérisant par l’inattention et l’hyperactivité causé par un dysfonctionnement dans le processus de neurotransmission: pas assez de neurotransmetteurs envoyés au prochain neurone puis un problème au niveau des plots d’atterrissages (récepteurs) sur le neurone récepteur. Le médicament principal utilisé pour contrer ces complications est le méthylphénidate mieux connu sous ses noms commerciaux: Ritalin, Biphentin et Concerta. Une fois ingérés, ces psychostimulants agiront en se fixant sur des neurones du cerveau pour libérer la dopamine et la noradrénaline dans le but d’augmenter l’action et la durée de ces neurotransmetteurs. Dans le cas d’une personne en bonne santé, ces médicaments occasionneront une hausse de la pression artérielle, de la fréquence cardiaque, de même qu’une diminution du sommeil. Radio-Canada disait, au sujet de leurs effets: «Bien qu’ils renforcent l’attention chez les personnes souffrant de TDAH, de nombreux témoignages indiquent qu’il est possible de ressentir un réel effet sur la concentration lors des examens (…)» ce qui expliquerait donc leur hausse en popularité.  

Quant à eux, les nootropiques ne sont pas des médicaments. Il s’agit de suppléments d’origine naturelle telles les plantes et de compléments alimentaires ayant le pouvoir de réguler la physiologie et la psychologie tout en optimisant les fonctions cognitives du cerveau. Parmi ceux-ci, plusieurs plantes seraient reconnues par l’OMS pour leurs effets bénéfiques sur le cerveau. Le ginseng de Sibérie est reconnu pour bonifier la qualité de sommeil, réduire le stress et favoriser la concentration.  

Maintenant, est-ce que la consommation de ces produits entraînera des conséquences sur notre société? Il fut un temps où l’esprit humain était accaparé par un sentiment de créativité et de liberté, poussé par la conviction interne et profonde de pouvoir changer le monde et le rendre meilleur ! Désormais, cette créativité laisse place à la conformité, à la capacité de se conformer aux normes sociales aberrantes qui font de notre société un monde toxique où la réussite devient le seul et unique symbole. Plutôt que de transformer notre environnement et d’en diminuer les facteurs de stress, on propose dorénavant l’alternative de se changer soi-même afin de mieux fonctionner stressé : les smart drugs. Se questionner présentement sur l’utilisation de substances servant à améliorer nos capacités cognitives est une preuve concrète des normes sociétales excentriques exercées sur l’humain : être prêt à payer de notre santé afin de rentrer dans le cadre de la réussite. Ce n’est donc pas en autorisant la libre circulation des molécules de synthèses qu’on résoudra nos problèmes et qu’on comblera notre manque de reconnaissance. Le vrai problème se trouve, selon moi, ancré dans notre définition collective de la réussite.  

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