Tes pantalons devraient durer plus longtemps qu’un hamster…  

Emma Leblond-Beauchesne et Marianne Provost 

Nous savons tous qu’arriver chez soi avec les bras remplis de vêtements neufs nous procure un sentiment de satisfaction à l’idée de se pavaner dans les rues ou les couloirs de l’école. Par contre, avez-vous déjà pensé à l’impact que ces achats peuvent avoir sur l’environnement ? En effet, certaines marques sont un véritable fléau pour la planète puisqu’elles utilisent la méthode de la fast fashion. 

La fast fashion qu’est-ce que c’est ? 

Faisant son entrée dans le monde de la mode en 1990, la fast fashion, ou en français, la mode éphémère, est un phénomène vestimentaire qui se produit malheureusement beaucoup trop souvent de nos jours. Se caractérisant par un renouvellement très rapide des vêtements mis sur le marché, elle encourage à dépenser en utilisant plusieurs techniques de vente qui permettent de se démarquer de concurrents potentiels. Une compagnie utilisant la fast fashion peut produire jusqu’à 36 collections de vêtements par an, contrairement aux méthodes classiques qui en mettent environ 4 sur le marché, de façon honnête et responsable.  Les entreprises offrent notamment des styles en constante évolution qui, en raison de la rareté des produits, provoquent un sentiment d’urgence chez les consommateurs. Contrairement aux marques qui proposent des prix plus élevés venant également avec une qualité supérieure, certaines compagnies font pencher la balance en leur faveur en offrant des prix beaucoup plus abordables qui mettent seulement de l’avant les bons côtés de leur entreprise, laissant cachés derrière l’abus, l’arnaque et les dommages causés à la planète. Leurs techniques de vente sont efficaces puisque la société a tendance à prioriser le bien-être du portefeuille avant de penser aux impacts à long-terme sur le plan social et environnemental.  

Pourquoi les grandes compagnies participent-elles à ce phénomène ? 

Les directeurs des grandes marques de mode ne se sont pas levés un matin en souhaitant nuire à la planète à ce point. Ils ont découvert que cette méthode était bénéfique pour eux sans penser aux conséquences qui suivraient, puis se sont laissés emporter dans le phénomène de la fast fashion. Produire des plus petites quantités pour ensuite les vendre à très bas prix est bénéfique pour les compagnies et les consommateurs, mais les ouvriers qui les fabriquent en payent largement le prix. Les grandes entreprises profitent des pays en voie de développement, comme le Bangladesh, pour y installer des usines de production vestimentaire où les conditions de travail sont extrêmement mauvaises. Les gens qui travaillent dans ces lieux sont largement sous-payés en plus de fonctionner dans des conditions exécrables qui sont tout sauf accueillantes. Sans grande surprise, cela ne nuit en aucun cas aux compagnies, bien au contraire ! Pour elles, tant qu’une quantité satisfaisante de vêtements est produite, cela constitue une réussite sur le plan économique. Elles pourront ensuite mettre les vêtements sur le marché à des prix qui paraissent bien avantageux mais qui sont largement au-dessus du salaire de ceux qui les ont produits. Les bas prix des vêtements de ces entreprises ne sont donc qu’une illusion dont le but est de masquer leur manque d’éthique tout en nous faisant croire que leurs produits constituent la meilleure option pour nous.  

Ses impacts sur l’environnement 

La mode éphémère nuit grandement à l’environnement, car c’est directement lié à la surproduction. Les vêtements dans les magasins sont renouvelés chaque semaine, ce qui amène les consommateurs à magasiner au quotidien et ainsi continuer d’acquérir une nouvelle garde-robe à un rythme effréné. Dû à cette surconsommation des clients, environ 130 milliards de vêtements sont vendus annuellement dans le monde. D’ailleurs, ce nombre a doublé dans la dernière décennie. Évidemment, ces marques qui surproduisent les textiles affichent rarement les effets de ces pratiques. C’est le cas de l’entreprise chinoise Shein, qui est une grande utilisatrice du phénomène. En plus des ouvriers qui y sont exploités et qui doivent travailler 75 heures par semaine dans des conditions inhumaines, cette compagnie ne classe pas l’environnement dans ses priorités. En effet, le suremballage est bien présent, puisque chaque morceau est emballé individuellement dans un sac de plastique. Les tissus utilisés pour les vêtements ont aussi un rôle à jouer puisqu’ils sont d’une qualité médiocre et faits de matériaux synthétiques, nocifs et polluants. 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre sont émis chaque année seulement à cause du domaine des textiles, ce qui a un impact plus élevé que les vols internationaux et le trafic maritime mis ensemble.  

Ses impacts sur le plan social  

La mode n’a pas seulement un impact environnemental, mais aussi social. Les employés qui se trouvent dans des pays en développement se font exploiter en ne recevant qu’un maigre salaire. La répartition des profits est inégale et maintient les employés dans des conditions très pauvres. Il n’y a pas seulement des adultes à la recherche d’un revenu qui travaillent pour les marques mais également des enfants qui doivent travailler pour rapporter de quoi nourrir leur famille. Cela ne signifie pas que les entreprises ne gagnent pas beaucoup d’argent, au contraire. Cela signifie uniquement que les profits vont directement dans les poches des dirigeants du siège social de l’entreprise qui distribue le tout de manière totalement inéquitable. « On estime que sur un chandail vendu  29 euros, les ouvrières asiatiques toucheront seulement  0,18 euros pour un travail réalisé dans de piètres conditiond et selon un horaire de travail excédant souvent les 12 heures par jour. » 

Des gestes que l’on peut poser pour contrer ce phénomène 

La première étape quand on désire faire face au phénomène de la fast fashion est de cesser d’en consommer. Arrêter de faire ses achats dans des magasins grande surface qui certes ont des prix souvent bien plus qu’abordables, mais qui cachent les dessous de leurs pratiques malhonnêtes constitue un grand pas vers l’avant. Même si les gens sont conscients des horreurs que cause la surconsommation, ils ne cesseront jamais leurs activités, car ce n’est tout simplement pas un avantage pour eux d’y mettre fin. Ces derniers temps, un nouveau phénomène éco responsable a mis la puce à l’oreille des gens qui ont envie de faire une différence: le slow-fashion qui fait concurrence à la fast fashion en mettant de l’avant des produits plus coûteux mais de qualité satisfaisante et fiable. Le slow fashion, dit la mode durable, a une vision environnementale en diminuant la production de textiles. Il prône l’idée que la mode est éternelle et que toujours souhaiter s’habiller avec les morceaux les plus récents et populaires est de l’abus. Il encourage les jeunes à ne pas consommer plus qu’ils n’en ont besoin, à faire leurs achats dans des boutiques locales ou de s’offrir de nouveaux vêtements en friperies. Il encourage la mode éthique qui cherche à consommer moins mais mieux en encourageant des marques responsables.  

Comment savoir si une marque est éthique ou non? 

Il faut rechercher dans les valeurs et dans le but de la marque. Est-ce qu’elle a une vision éco-responsable? Est-ce qu’elle encourage le slow fashion ? Les marques qui respectent ces critères vont, la plupart du temps, mettre ces informations en évidence, contrairement aux marques qui ne le font pas. La main-d’œuvre est également souvent un bon indice. Est-elle locale ou exportée ? Vérifiez si le siège social de l’entreprise se situe dans le même pays que sa production et si ses usines se situent dans un pays émergeant. Finalement, la liste des matériaux joue un rôle primordial dans l’éthique d’une compagnie. Est-ce que ses tissus sont biologiques ? Est-ce que la production des textiles produit des gaz à effets de serre importants ? 

Ce sont tous de bons questionnements et c’est vrai que ce n’est pas toujours facile de résister aux tendances de la mode et ses critères précis. Les meilleurs conseils est et restera de consommer local. Il y a un trou au niveau du genou de votre pantalon ? Voilà une belle excuse pour apprendre la couture ! Mais le plus important est de se rappeler de ne pas avoir peur d’avoir son propre style et d’oser. Habillez-vous comme vous le souhaitez, que ce soit dans des friperies ou autres boutiques méconnues. Ne vous laissez pas emporter dans le phénomène de la fast fashion. À l’avenir, souvenez-vous que vos actions peuvent avoir des impacts plus grands que vous le pensez. Chaque geste compte, pour une planète en bonne santé!                                                      

 BIBLIOGRAPHIE 

BELLE + REBELLE, Marianne Pépin. 5 conseils pour savoir si une marque de mode est éthique (22 juillet 2021), https://belleetrebelle.ca/blogs/news/ethique-ou-non-comment-savoir-si-une-marque-de-mode-est-ethique-avant-d-acheter page consultée le 3 octobre 2022 

WIKIPÉDIA. Fast fashion, (18 septembre 2022) https://fr.wikipedia.org/wiki/Fast_fashion, page consultée le 3 octobre 2022 

WEDRESSFAIR. C’est quoi la fast-fashion ? (15 avril 2022) https://www.wedressfair.fr/blog/c-est-quoi-la-fast-fashion, page consultée le 3 octobre 2022 

THE NEW YORK TIMES, Tatiana Schlossberg. How Fast Fashion is Destroying the Planet. (3 septembre 2019) https://www.nytimes.com/2019/09/03/books/review/how-fast-fashion-is-destroying-the-planet.html, page consultée le 3 octobre 2022 

OXFAM. Fast fashion et slow fashion; définitions et enjeux. (15 avril 2022) https://www.oxfamfrance.org/agir-oxfam/fast-fashion-et-slow-fashion-impacts-definitions/, page consultée le 3 octobre 2022 

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