Maxim Fauteux
Alors que le gouvernement autoritaire Russe perpétue les crimes de guerre contre le peuple ukrainien, quel est le rôle des Nations Unies dans la résolution de cette crise humanitaire? La situation actuelle ouvre la porte à de nombreuses réflexions concernant la légitimité de l’organisation dont le rôle est de maintenir la paix.
Les obstacles des Nations Unies et du conseil de sécurité
Depuis 1945, l’Organisation des Nations Unies veille à ce que le monde conserve une certaine stabilité, que ce soit pour les droits humains, les droits des enfants, la protection du patrimoine et de l’environnement ou les crises humanitaires et sanitaires. Parmi ses six organes principaux, on retrouve le conseil de sécurité qui a pour rôle principal de maintenir la paix. Il est composé de 5 membres permanents: la Chine, les États-Unis, la Russie, la France et le Royaume-Uni qui ont un droit de veto sur chaque décision. Donc, une résolution est systématiquement rejetée dès qu’un membre permanent s’y oppose. Cette règle fut instaurée en 1945 lorsque ces 5 nations représentaient la majorité de la population mondiale et étaient les principaux pays vainqueurs de la deuxième guerre mondiale.
Depuis, le conseil de sécurité n’a pas toujours rempli sa mission. Étant donné que les États permanents sont très divisés, il est exceptionnel de les voir voter de façon unanime. Par conséquent, aucune résolution n’est adoptée et aucune intervention n’est effectuée. Ce fut le cas avec la guerre civile syrienne, le non-respect des engagements nucléaires de l’Iran, l’attaque d’Israël contre le Liban où l’un des 5 membres permanents a bloqué toutes formes de résolution. Depuis le début du conflit syrien en 2011, la Russie a utilisé 13 fois son droit de veto sur une résolution visant à accélérer le cessez-le-feu. Ainsi, le conseil de sécurité est demeuré une fois de plus inactif lors de cette situation.
Les impacts du droit de veto sur l’Ukraine
Le 24 février dernier, la Russie lance une invasion militaire en Ukraine. S’ensuivent de nombreux bombardements. 4,5 millions de personnes fuient le pays, on dénombre plus de 1200 morts dans la région de Kyiv et 5600 enquêtes sont ouvertes par l’Ukraine pour crime de guerre perpétrés par la Russie. Sur la scène internationale, plusieurs états dénoncent la violence avec laquelle M. Poutine à mener ces opérations militaires jusqu’à présent.
Le président Américain, Joe Biden, a déclaré avoir «établi que les membres des forces russes ont commis des crimes de guerre en Ukraine», lors de son arrivée pour le sommet de l’OTAN à Bruxelles. C’est en 1945 que l’on définit pour la première fois les crimes de guerre afin de juger les criminels nazis: « Assassinat, mauvais traitements, déportation pour des travaux forcés ou pour tout autre but, des populations civiles dans les territoires occupés (…) destruction sans motif des villes et des villages, ou dévastation que ne justifient pas les exigences militaires. »
Ainsi, les accusations portées depuis des semaines contre le régime Russe ne sont pas abusives si l’on prend en compte la façon dont ils ont mené leurs opérations militaires. En contrepartie, dans les jours qui suivirent les bombardements sur Marioupol, Kiev, ou encore sur l’aéroport de Dnipro, le conseil de sécurité n’a pu procéder à aucune mesure pour l’arrêt immédiat de la guerre en raison des droits de veto russe et chinois.
Comme le dénonce le président Ukrainien, ce règlement empêche les Nations Unis de venir en aide aux civils: « Aujourd’hui, la Charte est bafouée. […] Le droit de veto devient un droit de tuer » , a évoqué le président Volodymyr Zelenski devant l’assemblée générale de l’ONU. « Le Conseil de sécurité existe pour maintenir la sécurité, mais où est la paix aujourd’hui? Où sont les garanties que les Nations Unies sont censées apporter?», s’est-il interrogé, déconcerté par l’inutilité de l’organisation face à la problématique grandissante.
La possible réforme de la structure Onusienne
Les signes sont clairs, il est capital de procéder à la réforme du conseil de sécurité. L’une des solutions régulièrement évoquées est l’abolition du droit de veto qui permettrait au conseil d’agir au profit de la paix et non des intérêts respectifs des 5 grands.
Outre cette approche, l’éventuelle exclusion de la Russie fut suggérée par le gouvernement Ukrainien. Or, l’idée polarise le monde diplomatique et laisse place à de nombreuses discussions. Si nous excluons la Russie des 5 membres permanents, aurions-nous dû faire de même avec les États-Unis lors de la guerre du Vietnam, la France et l’Angleterre lors de la crise de Suez puis, la chine et l’actuelle génocide infligé aux Ouïghours?
De plus, pour le professeur de sciences politiques M. Charles-Phillip David, «il faut maintenir le peu, le très peu de de dialogue que l’on peut avoir dans une enceinte neutre ». À son avis, exclure la Russie du conseil, c’est couper la dernière place à la diplomatie dans nos relations avec celle-ci, et l’abolition du droit de veto des 5 puissances semble être la meilleure décision.
En attendant la prise de conscience Russe, une nécessité en ce qui concerne la résolution du conflit Russo-Ukrainien, il serait essentiel de voir des interventions de la part des Nations Unis. Rappelons-nous qu’à cette heure, il est question de la sécurité d’hommes, de femmes et d’enfants