En espérant fournir quelques conseils et relativiser certaines appréhensions, voici la réponse d’une dernière étudiante du cégep sur son programme et son expérience.
Anne Siobhan Rousseau
Technique en éducation spécialisée; sciences humaines: cégep Ste-Foy
- De quelle école secondaire et de quelle cohorte viens-tu?
De Rochebelle, PEI; finissante en 2017-2018.
- En bref, quel est ton parcours scolaire? Penses-tu aller à l’université? Prendre une année sabbatique?
J’ai débuté mon cégep en éducation spécialisée, un programme que j’ai adoré. Cependant, je ne me voyais pas vraiment travailler dans ce domaine, je me suis donc redirigée en sciences humaines pour un total de deux ans et demi au cégep. Pendant six mois, entre le cégep et l’université, j’ai été préposée aux élèves ayant un handicap dans une école spécialisée à Sherbrooke. Durant mes études universitaires, j’adorerais voyager, probablement en Asie.
- Comment te décrirais-tu en une ou deux phrases?
Je suis une personne qui aime bouger, être dans l’action, m’impliquer, voir du monde, être dehors.
- Quel était ton projet personnel (PP) en secondaire 5? Comment l’as-tu vécu?
C’était une conférence sur le bonheur. Ainsi, ce n’était pas trop souffrant, on ne peut pas vraiment pleurer à deux heures du matin sur un tel sujet, hahaha! En fait les seuls moments où j’ai pris du retard n’avaient pour cause que ma procrastination et non la lourdeur de la tâche.
Programme
- Peux-tu nous parler rapidement de ton programme?
En lien avec les sciences humaines… Les premières sessions offrent plusieurs cours d’initiation assez larges permettant d’explorer différents choix. Quant aux sessions suivantes, elles permettent d’approfondir les cours que tu as particulièrement appréciés – dans mon cas, ce fut particulièrement la sociologie et l’anthropologie. Aussi, ce programme est particulièrement axé sur l’actualité, plusieurs enseignants fournissent d’ailleurs un abonnement au Devoir. Il est donc très important de rester connecté et curieux. En ce sens, plusieurs travaux, le choix de thème étant fréquemment libre, sont directement en lien avec l’actualité.
Aussi, je suis formée comme professeure de yoga… Ma formation ayant seulement été en ligne, j’aimerais avoir quelques cours en personne pour m’assurer de ma compréhension et de mon aisance. Je pourrais terminer ces cours en Asie et commencer à y travailler. Je ne vois pas cela comme un métier principal dans mon cas, mais plutôt comme un à côté, une activité que j’aime beaucoup.
- Que préfères-tu de ce programme? Qu’aimes-tu le moins?
En lien avec l’éducation spécialisée… Les techniques permettent vraiment de développer un esprit de groupe, autant avec les élèves qu’avec les professeurs, qui ont un nombre restreint d’étudiants. L’ambiance est géniale! De plus, les cours et les stages sont plus précis et plus concrets, ce qui est plus accrocheur et motivant. Malgré tout cela, j’ai quitté le programme d’éducation spécialisée, sachant que ce n’est pas vraiment la direction vers laquelle je voulais orienter ma carrière professionnelle. Cet esprit de groupe et ce besoin d’accomplissement pour ma communauté se retrouvent maintenant dans mes activités de bénévolat.
En lien avec les sciences humaines… Avec le recul, je ne crois pas que ce fut un excellent choix. Le côté humain des techniques m’a particulièrement manqué.
- Pourquoi as-tu choisi ce programme?
En lien avec l’éducation spécialisée… De prime abord, j’ai sélectionné ce programme à la suite de mes expériences de bénévolat très positives avec des jeunes handicapés. Autrement, j’aime beaucoup le milieu scolaire, en particulier le secondaire, et je pense encore aujourd’hui pouvoir me diriger vers celui-ci.
En lien avec les sciences humaines… J’ai changé pour un programme plus ouvert sur le monde, plus global. Et aussi, les sciences naturelles n’étaient vraiment pas pour moi, hahaha.
- Quelle est l’importance du français au cégep?
Dans chaque cours, les erreurs de français sont pénalisées. Chaque faute enlève un point dans le cours lui-même et un demi-point pour tous les autres cours. Heureusement, comme tous les travaux sont remis par internet et que tous les ordinateurs du cégep ont Antidote, la correction est très accessible pour autant que tu sois un peu d’avance.
- Comment as-tu apprécié tes cours de philosophie, un des cours de base?
Assurément, la philosophie fait un peu peur. En réalité, c’est le cours qui dépend le plus du professeur et c’est ce qui peut vraiment impacter ton appréciation. Aussi, je ne cacherai pas que les enseignants de philosophie sont en général exigeants. Philo 1 comprend plus de par cœur puisqu’il traite de la pensée analytique et des débuts de la philosophie, dont Socrate. Philo 2 et 3 sont plus tournés vers la compréhension, ils sont basés sur l’analyse et la comparaison de certains auteurs tels Rousseau et Spinoza. Un conseil serait de ne pas hésiter à poser des questions de compréhension.
- Y a-t-il des particularités au cours d’éducation physique?
Des activités extrascolaires sont obligatoires et gratuites lorsqu’elles accompagnent un cours. Au moins, les installations sportives sont très nombreuses et laissent un vaste choix. Ta participation à ces activités est consignée, de même que certaines données comme ta fréquence cardiaque. C’est toi qui dois l’enregistrer grâce à une montre, d’ailleurs l’école en loue. Personnellement, j’ai profité du petit marché noir de montres, hahaha! En même temps, il ne faut pas se fier complètement aux montres qui peuvent très bien prendre la fréquence cardiaque du gars d’à côté!
Expérience
- Comment as-tu trouvé ta transition du secondaire au cégep?
J’ai apprécié énormément mon passage au secondaire pour la dimension communautaire. J’y ai été impliquée partout jusqu’à ce que De Rochebelle devienne pour une seconde maison. Alors assurément, je me suis ennuyée de cette ambiance en arrivant au cégep, particulièrement quand j’ai passé aux sciences humaines. Ce n’est pas que les possibilités d’implications sont moindres au cégep. Seulement, la coordination desdites activités n’est plus réalisée par les enseignants, mais par des étudiants. D’une structure moins stable peut découler un manque d’organisation qui demande plus de courage et d’énergie. Nonobstant, cet avis est très personnel, pour plusieurs de mes amis(es), qui aimaient peut-être moins le secondaire, le cégep a été une révélation. Au niveau académique, je n’ai pas trouvé la transition particulièrement ardue. La charge de travail n’est pas tellement plus importante et est donc bien gérable si tu ne commences pas tous tes travaux la veille comme je le faisais! En réalité, le nombre de travaux dépend de ton programme et ta capacité à gérer cette charge dépend de ton parcours secondaire. Pour ce qui est des sciences humaines, la charge est plutôt équivalente à celle de PEI secondaire 5. Pour cette raison, je n’ai pas trouvé le programme de sciences humaines très motivant. Autrement, l’une des grandes différences est le nombre de lectures.
- As-tu eu des cours en ligne et/ou en présentiel? Décris-nous ton expérience au cégep.
Je dois avouer que comme ma motivation était déjà plus ou moins existante, le confinement ne l’a pas vraiment impactée ; cependant, j’ai constaté qu’il en a été bien autrement pour certains qui appréciaient beaucoup l’ambiance du cégep. Une chose que j’ai trouvé plus ardue, ce sont les professeurs qui ne donnaient qu’une partie de leurs cours ou qui nous partageaient un enregistrement. Dans ses cas de figure, il fallait trouver soit même la motivation de suivre l’horaire et de conserver un certain rythme. Un rythme que tu avais plus l’opportunité d’adapter.
- Peux-tu nous parler de quelques différences entre le secondaire et le cégep?
Premièrement, comme pour le PP, les travaux aux cégep nécessitent tes propres recherches de sources (pas seulement des sites internet!) ce qui nécessite beaucoup de temps. Assurément que ton travail te mènera vers d’autres sources : seulement d’avoir quelques documents de base te permet de bien démarrer.
Deuxièmement, en ce qui concerne l’horaire, c’est quelque peu différent. L’école t’envoie un horaire que tu peux accepter ou changer dans les quelques jours suivants pour trente dollars. Si tu choisis de changer, tu as une liste de possibilités – deux si tu fais une technique et soixante si tu es dans un programme préuniversitaire – parmi lesquelles tu peux choisir. Les cours durent en général deux heures, mais peuvent s’étirer jusqu’à trois ou quatre heures (avec seulement une ou deux pauses) pour les programmes spécifiques. Ta journée peut être de cinq heures comme de huit, ce qui demande beaucoup d’énergie et de concentration.
- As-tu trouvé facile de concilier études et travail?
Le cégep recommande de ne pas travailler plus de vingt heures par semaine. En rétrospective, j’ai donc sûrement trop travaillé lorsque j’étais en sciences humaines. C’était pour moi une façon de me donner de nouveaux défis, défis que mon programme ne m’offrait pas nécessairement. Alors que je réalisais ma technique, je travaillais moins puisque mon horaire était plus chargé.
- Quels conseils donnerais-tu à des élèves qui commencent le cégep? Comment fait-on pour survivre?
Le plan de cours: conserve-le! Les professeurs ne te rappelleront pas les remises de travaux et les dates d’examens, ils assument que tu consultes ton plan. Ils vont uniquement t’avertir d’un changement à la planification ou de quelque chose de vraiment important. Sur le plan de cours, il y a aussi la pondération des examens qui te permet de répartir ton énergie. Ce n’est plus comme au secondaire où les enseignants se consultent pour ajuster leurs échéanciers, ils sont moins protecteurs. La mi-session et la fin de session sont vraiment intenses, il faut s’organiser contrairement à ce que j’ai fait! En ce sens, l’agenda est d’une grande importance pour corréler tes différents travaux et noter les dates importantes.
Lydia Chabot-Scrosati
CHABOT-SCROSATI, Lydia. La transition du secondaire au cégep, entrevue avec Anne Siobhan Rousseau, cégepienne, Québec, 21 juillet 2021.